Dans la chambre, on entendait la respiration de trois personnes, lente et régulière à la fois, elles venaient bercer le calme qui s’était installé dans la pièce peu avant vingt-trois heures. Aujourd’hui avait été une journée banale, sans histoires ni accrochages, sans contrôles et interros -ce qui était rare en cette saison-, tout ce qu’il y avait de plus normale en somme. Et pourtant.. et pourtant, Haru n’arrivait pas à dormir. La soirée aussi c’était déroulée sans problème, lorsqu’il avait finit ses cours, le blond était directement rentré dans la chambre, c’était affalé sur on lit, et avait joué à la console jusqu’à ce qu’une de ses colocataires rentre. On ne peut pas considérer Haru comme un geek, ni comme un associable, mais parfois, pendant quelques jours (cela pouvait varier de deux jours à une semaine), il se refermait sur lui-même. Pas complètement. Mais assez pour ne pas avoir de contact avec l’extérieur de sa chambre. Le soir, il avait prévu, avec les trois filles occupant la même chambre que lui, d’aller manger ensemble. Et malgré sa phase « coquille » du moment, il n’avait pas refusé le repas et était allé à la cafétéria avec elles. Ces soirées étaient rares, d’habitude, chacun allait manger avec des amis, et ne revoyait ses colocataires qu’à partir de 22-23 heures, heures où les étudiants rentraient se coucher la plupart du temps. Lorsqu’ils étaient rentrés ce soir-la, il était 23 heure passée, et personne n’avait attendu longtemps avant de se mettre au lit. Haru avait suivit le mouvement et s’était couché presque aussitôt rentré, mais le sommeil ne venait pas. Il avait attendu 5 minutes… 10 minutes… 30 minutes… Il avait même réussit à patienter une heure. Mais lorsque son réveil afficha minuit, le garçon fit glisser le drap qui le couvrait lorsqu’il faisait chaud et se leva, sans se soucier de l’heure tardive. L’étudiant enfila les premiers vêtements qu’il trouvait et pour la quatrième fois depuis qu’il était arrivé à Pheobe, sortit sans se préoccuper de son look.

Rares étaient les personnes qui avait déjà vu Haru sans tout son attirail de tout les jours. Pour une fois, il ne portait ni bracelets, ni chaînes, ni chapeau, ni barrettes, et sa tenue était des plus simples : Un simple t-shirt de marque et un jean à effet délavé. Tout ce qu’il y avait de plus ordinaire. Si quelqu’un du pensionnat le croisait à ce moment-là, il ne reconnaitrait sûrement pas Haru l’excentrique, habillé bizarrement, portant souvent un chapeau, non, si un pensionnaire le voyait à ce moment-là, il verrait seulement un blond de petite taille, avec les yeux bleus, presque turquoises. Le seul lien entre le Haru de tous les jours et celui-là, était le vernis à ongles noir, qui ne pouvait pas disparaitre d’un coup. En soupirant, le chitta traversa les couloirs déserts, les grandes salles vides, sans croiser personne, à cette heure-la, il était normale qu’il n’y ait pas âmes qui vivent. Et puis, il arriva dehors, et là, prit le chemin de la forêt. Pourquoi ? Pour une raison toute simple : Avant de se coucher, il avait entendu quelqu’un chanter sur des fruits, qui se trouvaient en ce moment dans la forêt, puis ce que c’était la saison. Ainsi, il avait envie de ses fruits. La chanson ? 1 2 3, Allons dans les bois. 4 5 6 cueillir des cerises. ♪

Le coin de la forêt où se trouvaient les cerises était assez reculé dans les bois. Pour y accéder, il fallait facilement marcher dix minutes-un quart d’heures, et pas toujours sur le chemin prévu aux ballades. Certes, on empruntait ce dernier au début, mais après, pour aller jusqu’au fruit rouge, il fallait sillonner les arbres, escalader des racines géantes et même traverser un petit ruisseau. Il existait sûrement d’autres chemins, mais celui-ci était le seul que Haru connaissait, et surtout, le seul avec lequel il était sûr de ne pas se perdre, en effet, la dernière fois, il avait griffer certains arbres sur la route des cerises, pour pouvoir revenir plus facilement, et maintenant, il était enfantin de se repérer, tant qu’on ne s’éloignait pas des griffures sur les troncs.

Bien vite, ce que désirait le jeune homme apparu : une clairière, en plein milieu de la forêt avec plusieurs cerisiers, tous de différentes tailles, et une jeune fille rouge. … Tout compte fait, la fille en rouge ne faisait pas partit de ce que voulait Haru, elle ne lui avait jamais traversé l’esprit une seule seconde, et pourtant, elle était là, devant lui. Peut-être était-ce une vieille connaissance ? Une cousine disparue ? Une sœur cachée ? D’aussi loin qu’il s’en souvenait, le chitta ne l’avait pas vu… mais alors d’où sortait-elle ? Elle et son habillement rouge qui venait tâcher la vision idéaliste que se faisait le garçon de la clairière ? De peur d’être vue, Haru s’accroupit précipitamment.

« Ce n’est tout de même pas un fantôme ? Non.. un fantôme ne viendrait pas cueillir des cerises, c’est ridicules.. et pourtant, personne ne connait cette endroit. J’y suis ! Il s’agit d’une morte, qui est morte ici et qui reviens hanter les lieux… Hum, je crois que je ne suis pas bien réveillé, tout cela est ridicule... »

Pour tout de même en avoir le cœur net, Haru s’approcha de la fille, et lui tamponna la joue du bout de son doigt. A son bonheur, l’être qu’il avait cru immatériel était bel et bien en chair et en os, et semblait même pouvoir parler, ou plutôt chanter. Il s’éloigna un peu, et regarda cette fille habillée en rouge, qui lui avait presque fait croire aux fantômes, et qui semblait plus grande que lui. Aussitôt qu’il remarqua ce détail, il se renfrogna un peu, mais voyant que la pseudo-fantôme peinait à attraper les cerises, il décida de l’aider. Déjà, il abandonna l’idée de monter l’arbre, le cerisier étant une espèce d’arbre très fragile, facile à casser. Et puis, surtout, il n’arrivait même pas à attraper la première branche. Non, la solution était beaucoup plus simple : Haru allait mettre son pouvoir au service de pseudo-fantôme dans sa quête de cerises. Aussitôt qu’il eut décider cela, il bougea ses doigts terminés par du vernis noir et tordis plusieurs tiges de cerises, jusqu’à ce qu’elles cèdent et permettent de faire tomber les fruits, que Haru rattrapait, ou laissait échapper, selon les fois. Après une dizaine de cerises attrapés, il revint vers la jeune fille et lui tendit sa main, où étaient posées ces dernières.

« Tu en veux ? »

Pseudo-fantôme était presque effrayante lors que l’on ne savait pas qu’elle était humaine. Déjà, il y avait sa tenue, rouge sang, qui pouvait la faire passer pour une faucheuse assez facilement. Haru avait donc eu tord de croire qu’il s’agissait d’un fantôme, le schéma étant assez éloigné de la réalité. Ensuite, pseudo-fantôme, ou pseudo-faucheuse, comme vous voulez, avait les yeux rouges, oui, oui, rouge ! Le chiita avait déjà croisé ce genre de choses plusieurs fois, mais à chaque fois il avait la même réaction. Non, il ne prend pas peur et s’en va en courant (quoi que, c’est ce qu’il avait fait la première fois), à la place, il fixe le rouge des yeux avec admiration, ce qui devient vite gênant pour le possesseur de ces derniers. Et puis, pour finir, elle avait le don de clairvoyance, ou un truc du genre, comme une vieille sorcière.. Hum, Haru, tu fais de plus en plus des hypothèses improbables, une sorcière ? Après le fantôme et la faucheuse ? De ses trois choses, c’était sûrement le plus probable, mais ça restait assez douteux. En plus, la jeune fille ne portait même pas de chapeau et ne semblait pas avoir de balaie.

Et en plus, pseudo-sorcière se permettait de lire dans son esprit à la recherche d’informations personnelles. Certes, Haru ne l’avait pas senti, cette violation d’intimité, mais le nombre de choses qu’elle savait sur lui alors même qu’elle venait de le rencontrer.. Il n’y avait que deux solutions, soit elle récoltait des informations sur les gens, soit c’était une sorcière (Encore et toujours). Mais sur un point, Atheana, comme elle s’appelait, avait tord, le jeune homme n’était pas noble, il était juste riche, très riche. Si elle c’était trompée sur ce point, c’est sûrement car à ce moment-là, le blond pensait qu’il faisait de drôles de rencontres, entre elle, la sorcière et entre Sancto, le noble. Oui, c’était sûrement pour ça. Alors que le neuvième année allait répondre à sa première question, elle enchaina sur la défensive, en prétendant que Haru allait la taper. Celui-ci leva sa main libre, mais au lieu de la frapper, comme elle le croyait, il vint juste la mettre devant sa bouche, pour couvrir un énorme bâillement. Une fois cela fait, il vint effleurer l’épaule de l’usagi avec son poing.

« Voilà, tu es frappée, maintenant, tu n’as plus à craindre que je le fasse. Bon, tu veux des cerises oui ou non ? Elles sont tellement hautes que je doute que tu ne les atteignes. »

Désemparé. C’est le mot qui qualifiait Haru en ce moment-même. Peut-être que cela ne se voyait pas en extérieur, puis ce qu’il adoptait une position lasse et baillait toute les deux minutes en raison de l’heure, mais il l’était. Oui, il avait déjà fait pleurer des filles, en leur tirant les couettes lorsqu’il était petit par exemple, mais jamais pour quelque chose d’aussi futile. En même temps, il n’avait jamais rencontré une sor-… quelqu’un capable de lire ses pensées, qui avait peur de la personne à qui il pensait. Surtout qu’il pensait à cette personne à cause de ce quelqu’un. Bref, tout cela était bien compliqué, et Haru se perdit rapidement dans son raisonnement. C’était une bonne chose en quelque sorte, car Athéana aura du mal à comprendre ce qu’il pense.

« Tu as tord, je trouve qu’c’est un pouvoir dangereux. Je connais plein de gens qui n’aimeraient pas qu’on fouille leur tête.. c’est gênant. »

Haru n’avait jamais été très doué pour réconforter les gens, si ça se trouve, il venait de foutre encore plus la trouille à l’usagi, qui s’était mise à pleurer juste à l’évocation de Sancto. Finalement, elle se calma toute seule et partit escalader l’arbre tandis que le chiita la regardait faire, dans une espèce de sourire-bâillement. Lui, continua d’utiliser son don, et ramassa une vingtaine de cerises jusqu’à prendre la parole.

« Je te paris quoi que j’en ai plus que toi ? »

D’un certain côté, ce que disait la jeune fille n’était pas dénudé de sens. Son don pouvait s’avérer utile pour nombre de personnes. Pas seulement pour les personnes âgées, comme elle le disait si bien, mais aussi pour les amnésiques, les fous (en découvrant la raison de leur brusque changement de personnalité) et pourquoi pas pour les têtes en l’air ? Qui oubliaient souvent des moments importants de leurs vies. Malgré cela, Haru continuait de penser que son don était dangereux, et même s’il l’avait pensé moins fort (sans savoir si cela était possible..) la chiita était sûr qu’Atheana l’avait entendu. Qu’à cela ne tienne, au moins, l’usagi savait à quoi s’attendre.

« Moi ? Te prendre pour une idiote ? Non, pas du tout .» Répliqua le blond dans un sourire. « Non, c’est surtout que je m’embrouille moi-même et que tu as sûrement dû le ressentir. » Il marqua une petite pause avant d’ajouter tout bas, pour ne pas que son interlocutrice ne l’entende : « Encore un désavantage ~ »

Cette fille, de l’avis de Haru, était étonnante, fascinante presque. Elle pouvait être en train de faire quelques chose et s’arrêter brusquement pour faire une autre action, comme ce bisou sur la joue du jeune homme par exemple. Pas que cela ne le déplaise, mais cette imprévisibilité le plongea quelques instants dans un profond désarroi. En temps normale, l’étudiant aurait sûrement rougis devant ce changement de comportement, et surtout devant ce brusque mouvement d’affection, mais en ce moment-même, il était tellement fatigué, que la rougeur n’atteignit pas ses joues. Pendant les minutes qui suivirent, Haru n’eut même pas besoin de s’appliquer à ne rien penser, car rien ne lui vint à l’esprit. Le blond avait sûrement trop utilisé son don depuis qu’il était arrivé pour être tout d’un coup aussi fatigué.

« J’aurai plus de cerises que toi, c’est ob-li-gé ! »

Mauvais perdant, Haru était sûr de gagner, après tout, il lui suffisait juste de tordre les tiges des cerises, et d’en rattraper le plus possible. Mais au bout de sa trente-deuxième cerises, et de son vingt-quatrième bâillements depuis sa dernière phrase ( ce qui comptabilisait un totale de cinquante-trois cerises et de trente-cinq bâillements depuis le début de la rencontre), le chiita commença à vaciller. Lorsqu’il alla se rattraper au tronc de l’arbre, il ne put que se laisser glisser dessus, pour tomber lourdement par terre. Ses bras qui jusque la retenaient son T-shirt, où se trouvaient les cerises, retombèrent inertes à côté de lui. Haru essaya de luter contre le sommeil mais au bout d’un moment, ses paupières se fermèrent toutes seules…

Le premier bruit qu’entendit Haru lorsqu’il émergea de sa « sieste » improvisée fut le hululement d’un hiboux. Cela surprit quelque peu le garçon, qui se croyait bien au chaud dans son lit. Mais le poids qui était contre lui vint définitivement lui prouver le contraire. En se redressant légèrement, il pu distinguer une jeune fille, Atheana d’après sa mémoire, qui était blottit contre lui. Curieux endroit pour dormir. Mais là dessus, le chiita ne pouvait rien dire, s’étant lui-même écroulé quelques heures plus tôt.

En se levant, il prit soin à ne pas réveiller sa camarade. Pas par méchanceté, pour la laisser seule dans les bois, mais plutôt par gentillesse, pour qu’elle puisse continuer à dormir malgré l’aube proche. Haru, qui était à présent debout, se pencha sur l’usagi, et tout en lui murmurant à l’oreille un « Bonne nuit pseudo-fantôme ~» s’en alla avec le panier de cerises, qu’il venait de lui chiper.

Sur le chemin du retour, le blond ne croisa personne, rien d’étonnant, et revint dans sa chambre sans difficultés. D’après le réveil, il était six heures du matin, il restait donc une ou deux heures de sommeil à Haru, qu’il pourrait passer dans un lit plus douillet que l’écorce d’un arbre. Sans attendre, le jeune homme posa le panier au pied de son lit, et s’endormit, pour être un minimum en forme lors des cours. Sans doute qu’à son réveil il ne se souviendrait pas de son escapade nocturne, mais les cerises seront là pour la lui rappeler.

[Tu es libre d'encore répondre, ou on clôture le rp, comme tu veux :)]

Edit : FIIN'