Tout compte fait, peut être que cette journée ne serait pas aussi ennuyante ? Si l’on oubliait le mauvais temps qui l’avait forcé à revenir avant de se prendre la pluie… et puis le fait que le lendemain n’était autre que le lundi…
Dans tous les cas, il venait de faire la rencontre de deux demoiselles. Des nouvelles. Au vu de leur bagages, on pouvait en conclure qu’elles venaient juste d’arriver. De qui pouvait-il s’agir ? Pour l’instant, il ne savait pas. Une chose était sûre, il n’aurait sûrement jamais pensé qu’elles pouvaient être sœurs… mais quand bien même c’était le cas, elles étaient issues de mères différentes, alors pouvait-on vraiment dire qu’il s’agissait de sœurs ? Peut être était-ce plus un lien de grande amitié qu’autre chose ? Mais la question n’était pas là… surtout qu’il n’était toujours pas au courant de cela.
Il venait de leur souhaiter la bienvenue, comme il se doit. Un petit temps passa avant que l’une des deux, la jeune fille blonde, ne lui réponde.

Merci ! C’est super on vient d’arriver et on a déjà une personne qui viens ! Moi c’est Emilie enchantée ! ET voici ma sœur

Le jeune homme posa sur l’autre arrivante un regard étonné. Pour sûr, ça le surprenait… des sœurs… ? Mais peut être valait-il mieux ne rien dire sur cela, quand bien même cela l'étonnait au plus haut point… Reprenons mon idée, elles étaient peut être issues de mères différentes dans ce cas… Parce qu’il n’y avait réellement aucune ressemblance entre ces deux personnes. Quoi que… peut être se trouvaient-elles être de la même race… Terriennes ? Aquatiques ? Aériennes ? Oh et puis zut… qu’est-ce ça changeait de toute manière ?

Enchantée, je m’appelle Sayn.

A présent, il connaissait leur deux prénoms. Sayn et Emilie venaient donc d’arriver au pensionnat Phoebe. Allaient-elles apprécier cet endroit ? Question idiote… il n’en savait rien… Beaucoup de gens se plaisaient ici, à Phoebe. Beaucoup, mais pas tous.
Lui, il aimait cet endroit… après tout, ce n’était pas comme s’il avait vraiment le choix. Il n’avait pas d’autres endroits où aller de toute manière, alors autant ne pas jouer au difficile. Surtout que depuis le temps où il était ici, il avait commencé à s’y faire. A présent, le pensionnat Phoebe n’était autre que son véritable chez-lui, et il s’y était attaché. Il en connaissait les moindres recoins, et prenait un malin plaisir, sous sa forme féline, à se balader dans les couloirs déserts lorsque l’envie lui prenait. Il avait déjà tout vu depuis bien longtemps, même jusqu’aux réserves et autres placards à balais. Ici depuis ses douze ans, il était l’un des premiers élèves du pensionnat, et sûrement aussi l’un de ceux qui le connaissait le mieux.
Que faire à présent ? Ah oui… il fallait tout de même qu’il se présente lui aussi, c’était la moindre des choses. Alors, toujours avec son éternel sourire, il se mit à parler.

« Moi je m’appelle Kaze. Ravi de vous connaître! »

Le neko était heureux de ne pas avoir à rentrer de suite dans sa chambre; sûrement qu’il s’ennuierait là-bas…
Ici, avec ces deux nouvelles, il était bien mieux. Si une telle chose ne les dérangeaient pas, il resterait encore quelques instants avec elles. Il n’avait que ça à faire en fait… et puis ça pouvait toujours leur être utile à elles… après tout, le pensionnat était tout de même assez vaste, et se perdre ici-bas n’était pas une chose vraiment difficile, bien au contraire… Kaze s'y conaissait alors ce n'était pas un problème...

« Je pense que vous devriez aller à l’accueil, de façon à vous présenter et recevoir vos chambres, à moins que vous comptiez en fait rester ici toute la nuit…
Moi je m’ennuie, alors je vais rester un peu avec vous. Sauf si ça vous dérange bien sûr… »

L’art de taper l’incruste…

Le pensionnat Phoebe était vaste, aucune doute là-dessus. Il arrivait souvent que de nouveaux élèves s’y perdent. Et avec un nombre si imposant de couloirs, d’escaliers et de pièces en tout genre, une telle chose n’était pas anormale. Ce n’était pas le cas de Kaze, qui vivait ici depuis sept ans, et qui commençait à connaître sérieusement l’endroit dans ses moindres recoins. Et c’était tout de même assez amusant, que de pouvoir s’y balader comme bon lui semblait sans avoir peur de ne plus s’y retrouver. Surtout que lorsque l’on était perdu ici, raccorder au bon chemin n’était pas une chose facile, il l’avait remarqué par lui-même. Car si il connaissait si bien ce pensionnat, c’était aussi grâce à un bon nombre d’égarements qui n’avaient rien eu d’amusant pour lui. Parce que pour ce qui était du sens de l’orientation en général, Kaze était plus qu’incompétent…
Mais là n’était pas la question. Il venait donc de demander aux deux demoiselles si sa compagnie les dérangeraient. Parce qu’il s’ennuyait à mourir en ce moment, et que la perspective de retourner dans sa chambre maintenant ne lui faisait guère envie.
Alors ? Allaient-elles accepter ? Peut être pas en fait… Elles avaient sûrement fait un long voyage, pour venir jusqu’ici. Elles étaient probablement fatiguées, et dans ce cas, n’avaient pas de temps à perdre. Ca ne se passa pas comme ça. Le regard des deux arrivantes se croisèrent.
… Peut être avaient-elles le don de télépathie ou je ne sais quoi qui y ressemblait ? Après un regard, elles semblaient déjà être au courant de la pensée de l’autre, pensée qui se trouvait d’ailleurs être positive. Ce fut donc avec joie qu’elles acceptèrent la proposition du jeune homme.
C’était une bonne nouvelle pour lui aussi, qui n’aurait ainsi pas à être seul de suite, chose qui l’arrangeait. Alors, suivit des demoiselles, Kaze partit, en direction de l’accueil. Il fallait que ces deux nouvelles viennent signaler leur arrivée à l’endroit prévu à cet effet, c’était suite à cela qu’elles recevraient leur chambre.
Ces deux jeunes filles avaient beau être sœurs, elles ne se ressemblait pas non plus pour ce qui était du mental. Il était aisé de comprendre une telle chose, il suffisait de les regarder ne serait-ce qu’un peu. Sayn se contentait d’avancer, sans piper mot à l’inverse de sa sœur qui semblait d’un naturel bien plus bavard.

« Il y a des chambres doubles ?
Il y a une cantine ?
Est-ce que la nourriture est bonne ?
Il y a des fêtes entre les pensionnaires ? »

Beaucoup de question en peu de temps… toutefois, Kaze y répondit au mieux. Les chambres ? Au pensionnat Phoebe, les chambres pouvaient compter jusqu’à quatre personnes. Et puis il y avait une cantine bien entendu… la nourriture quant à elle… eh bien… on pouvait dire qu’ils auraient pu mieux faire. Parce que sans pour autant être parfaitement dégoûtante, cette dernière n’était pas non plus ce que l’on pouvait appeler "succulente". Et bien sûr, il y avait quelques fêtes entre les pensionnaires, se passer d’une telle chose était impensable enfin! Du moins, dans l’esprit de Kaze.
Peu de temps après, ils arrivèrent dans le hall. Le grand hall de l’académie. Là, un tapis bordeaux se trouvait au sol. Comme il faisait encore jour, le soleil illuminait le ciel, et par conséquent, la pièce était baignée de lumière. A cette heure là, un dimanche, il n’y avait personne, ce qui conférait à l’endroit une atmosphère de sérénité.

Ouah !! C’est immense !!!! On est où ? Les couloirs mènent où ? Ça doit être trop cool de jouer par ici !! On pourrait faire des parties de cache-cache durant des heures rien que dans cette pièce ! C’est trop génial !!

Les paroles de la demoiselle se répétèrent plusieurs fois, cela grâce à l’écho. Elle avait raison. Cet endroit était réellement immense, si bien que se cacher ici était aisé. Ne trouvant rien à répondre de consistant, le jeune homme se contenta d’hocher la tête en guise d’approbation.
Ils approchaient de l’accueil. Pour tout dire, ils y étaient. Souriant, il pointa du doigt la réception.

« Il faut que vous alliez signaler votre présence, juste là. Si tous les papiers d’inscription sont en ordre, ça ne durera pas bien longtemps. Moi je vous attendrais ici, sur le rebord de cette fenêtre. Et après, si vous n’êtes pas trop fatiguées, je pourrai vous faire visiter le pensionnat... »

Ce rebord de fenêtre, il se trouvait en hauteur. Mais rien de plus facile pour notre jeune neko! Il n’eut qu’à pendre sa forme animale pour se retrouver en haut, en haut, cela en un saut. Une fois arrivé là, il se coucha, toujours sous sa forme féline, et attendit.

Jusqu’à présent, il n’avait jamais songé à monter jusqu’à un rebord de fenêtre. Il devait pourtant avouer qu’il était bon d’être ici. Comme il était en hauteur, il voyait tout ce qui se passait ici-bas. Et le soleil, toujours présent, illuminait le hall, pas conséquent, le neko pouvait lézarder au soleil, sans craindre que des élèves peu scrupuleux ou alors malvoyants ne viennent lui marcher dessus. Une telle chose était déjà arrivée… C’était peut être l’un des désavantages d’être un neko… Et ils n’étaient pas nombreux, à bien y réfléchir… Il appréciait beaucoup sa forme féline, bien plus que sa véritable forme. Quand il était en chat, il faisait ce qu’il voulait. Personne ne le reconnaissait. Et lorsqu’il était ainsi, les cachettes se faisaient de suite moins rares. Ce que j’entends par là, c’est que Kaze pouvait faire preuve d’une ingéniosité hors-norme pour ce qui était de trouver des cachettes, en tout genre. Pourquoi cela ? Parce qu’il avait toujours apprécié écouter des conversations qui ne lui étaient en rien adressées, en particulier lorsque ces conversations se trouvaient être importante, et qu’il n’y était pas convié.
Et il y avait toute sorte de chose, impossible en temps normal, qu’il pouvait faire quand il était sous forme de neko. Comme par exemple monter sur des rebords de fenêtre, et ainsi profiter de la chaleur du soleil couchant.
Par ailleurs, il ignorait toujours ce en quoi étaient capables de se transformer les deux jumelles. Non pas que c’était vraiment important, juste par simple curiosité. Il faudrait penser à le leur demander un de ces jours…

« Merci beaucoup de ton aide Kaze, et je pense qu'on sera pas fatiguées de si tôt toutes les deux, donc nous sommes partantes, une fois les papiers terminés pour une visite. »

Du haut de son perchoir, Kaze hocha la tête en guise de réponse. Puis il se coucha.
Durant un petit moment, il du attendre les deux demoiselles apparemment occupées à remplir les papiers d’inscription. Pendant ce temps, il ne fit rien. Il était bien ici. Les chats apprécient énormément les endroits chauds, et le soleil. Par conséquent, il se sentait parfaitement à son aise. Et il resta ainsi durant un quart d’heure peut être, avant que les nouvelles ne reviennent.

Voila j’ai fini ! J’espère ne pas m’être trompée ! On commence par où ?? Ca vous dit de manger un coup avant ? Parce que moi j’ai super faim !

Entendant la voix de la blondinette, le jeune homme évalua la hauteur, avant de sauter de son perchoir et d’atterrir un peu plus bas, sur ses pattes. Il ne tarda pas à reprendre sa forme humaine, à contrecœur, mais il n’allait tout de même pas rester sous sa forme féline pendant le temps où il leur ferait visiter l’endroit!
D’ailleurs, une question lui traversa l’esprit. Où aller ? Par où commencer ? Que voulaient-elles voir ? Elles connaissaient déjà le hall désormais, autant faire dans l’ordre des choses. Il suffisait de prendre par ici pour les couloirs menant aux salles de classe. Toutefois, ce dernier était interdit d’accès, puisque c’était dimanche. Et de toute manière, ce n’était peut-être pas le meilleur endroit à faire visiter aux deux jeunes filles. Il y avait plus intéressant... Toutefois, il se contenta de leur montrer l’endroit, de loin.

« Là-bas, c’est les salles de classe. Sauf que le couloir est interdit d’accès pour aujourd’hui, alors on va pas s’approcher. …Sauf si vous voulez absolument voir à quoi ça ressemble, mais ne vous en faites pas, dès demain matin vous serez en cours de toute façon.
Alors on va plutôt aller.. Par ici! Allez, suivez-moi! »

Et, leur souriant, il les incita à les suivre. A droite. A droite se trouvaient les dortoirs. Il ne comptait aucunement venir s’incruster dans celui des filles! Et se contenta là aussi de s’arrêter devant.

« Par là, c’est les dortoirs. Après avoir franchi cette porte, il vous suffira de savoir auquel vous appartenez. Le dortoir Gaïa est à droite, le Thalassa à gauche, et Ouranos, tout droit! »

Kaze a toujours été (un peu trop ?) curieux. Ce fut pour cette raison qu’il ne résista pas bien longtemps avant de leur poser cette question.

« Au fait… quelle sorte de Yajuu vous êtes... ? »

Trop curieux ?

Il s’agissait peut être d’une question complètement insignifiante, mais Kaze avait toujours été curieux. La curiosité est un vilain défaut n’est-ce pas ? Pas forcément. Ce "vilain défaut" comme on dit si souvent, lui avait permis d’en apprendre bien plus. Sur tout et n’importe quoi, en passants par des élèves de l’académie à certains professeurs. Ces jours-là, il était heureux d’être un neko, et de pouvoir écouter tranquillement les conversations sans craindre de se faire attraper…
Bref, donc il avait toujours été très curieux. Que pouvait-il y faire ? C’était plus fort que lui, il ne pouvait s’en empêcher.
Mais les deux jeunes filles, et tout particulièrement Emilie, semblèrent hésiter durant un bon moment. Était-ce si indiscret que ça ? Après tout, ici, les pensionnaires étaient tous des Yajuus. Dans ce cas, il ne comprenait pas vraiment pourquoi cette question leur semblait si compliquée. Kaze regretta alors de leur avoir demandé cela. Peut être aurait-il mieux fait de se taire ? Un petit moment passa ainsi, avant que la blondinette ne se décide enfin à parler la première.

On est des Yajuus aériens. Ce qui peut expliquer pourquoi je suis tête en l’air !!

…ce fut au bout de… de quelques instants que Kaze comprit la véritable signification de ces paroles. Il esquissa alors un léger sourire, et rit… juste un peu. Il s’agissait d’un humour assez… assez étrange…
Il ne s’attarda pas longtemps sur ce détail; Sayn parlait à son tour.

Je suis une Washi, pour être précise, et ma sœur, une Oumu.

Une Washi…une aigle donc… et sa sœur n’était autre qu’un perroquet. Il s’agissait donc bien de Yajuus aériens. Une Washi et une Oumu… ça signifiait aussi qu’il avait vu juste, et que ces deux jeunes filles ne pouvaient être liées par le sang. Sinon, elles auraient toutes deux été du même type animal… Mais il n’en savait rien en fait… toutefois, quand bien même là aussi il était très curieux, il savait que demander une telle chose était, pour le coup, vraiment très indiscret. Il n’allait tout de même pas leur demander s’il s’agissait ou non de vraies sœurs au vu de leur apparence qui différait complètement ainsi que de leur race. Moui… mieux valait-il la fermer… Il n’avait aucun d’intérêt à se faire mal voir par ces deux personnes; ces deux personnes qu’il appréciait.

« On continue la visite ? »

Et, sans attendre de réponse, réponse qui aurait sûrement été positive, il en revint à son rôle de guide. La porte des dortoirs encore ouverte, il put sans peine montrer à Emilie et Sayn le réfectoire.

« Ces deux portes-là mènent au réfectoire. »

Il continua ensuite sa route, s’éloignant des dortoirs et stoppant sa marche devant une autre porte.

« Celle-ci, à l’infirmerie. »

Il prit alors par la gauche, et se retrouva alors dans un grand couloir.

« Ici, c’est le gymnase. Un endroit affreux… »

Et il ne mentait pas… Qui pouvait ne pas être d’accord ? Le gymnase et les cours de sport… en tout cas, lui, c’était sa hantise…
Il s’éloigna bien vite de cet endroit, et les conduisit par la suite dans un autre lieu, bien plus apprécié du rouquin.

« La bibliothèque...
C’est un lieu… eh bien c’est un lieu calme, comme toutes les bibliothèques je pense… moi j’aime beaucoup être ici… c’est l’endroit parfait quand on a besoin de s’éloigner un peu du tumulte du pensionnat… »

N’était-ce pas logique ? Les chats appréciaient les endroits calmes et sereins. Ainsi, la bibliothèque était pour eux le lieu rêvé!
S’il y avait bien une chose que Kaze ne supportait pas, c’était le bruit. Et ce n’était pas en ce lieu empli de livre qu’il risquait d’en entendre… bien au contraire… Vous comprendrez donc pourquoi le gymnase, et le réfectoire par la même occasion, étaient pour lui des endroits… affreux… Dans ces espaces clos, le bruit résonnait inlassablement; c’était à en devenir fou! Comment tous ces élèves faisaient-il pour tenir ainsi? Chez notre jeune homme, ces deux lieux étaient… des épreuves de survie; desquelles il avait parfois bien du mal à s’en sortir… Mais peut être que tous les nekos ressentaient cela ? Il faudrait qu’il pense à le leur demander un de ces jours… Ce serait amusant, de se trouver des semblables… Ainsi, il n’aurait pas besoin de se faire trainer par ses amis non-nekos pour aller jusqu’au réfectoire… Par ailleurs, il faudrait aussi qu’il trouve un moyen d’éviter le dit-endroit qui lui inspirait tant de dégoût…

Kaze leur avait déjà montré plusieurs choses, parmi lesquelles comptaient l’infirmerie, les dortoirs, le gymnase ainsi que la bibliothèque. Que faire à présent ? Il les avait emmenées dans tous les endroits du pensionnat… Bien sûr, il manquait la cour, mais il n’y avait rien de bien intéressant à voir de ce côté-là… Qui plus est, le temps commençait considérablement à se rafraîchir, et parvenir à faire sortir le jeune homme lorsqu’il faisait froid pouvait aisément être comparé à une mission impossible… Les chats n’apprécient aucunement le froid…

Pour le moment, ils se trouvaient toujours dans la bibliothèque. Le neko remarqua avec un léger étonnement qu’un silence s’était installé entre le petit groupe. Ni lui, ni Sayn, ni Emilie ne daignaient dire un mot, du moins pour le moment. Que fallait-il faire ? Devait-il briser ce silence ? Il était loin d’être désagréable, du moins pour lui qui détestait le trop-plein de bruit, mais il devait tout de même avouer que ça pouvait vite devenir pesant… et à présent, tel était le cas…

Sayn jeta un regard à sa sœur. Kaze ne comprit absolument pas pourquoi, et ne pouvait lire dans les pensées. Ainsi, il tenta de déchiffrer, tant bien que mal, l’expression du perroquet. Bien entendu, ce ne fut pas couronné de succès puisqu’il n’y comprenait absolument rien. Tant est qu’il y avait bien quelque chose qui semblait la tracasser. Quoi ? Il n’en savait rien, et le saurait sûrement jamais. Pour cela, mieux aurait-il valu qu’il se retrouve avec le don de pouvoir déchiffrer les pensées des gens… et comme ce n’était pas le cas… il n’avait qu’à se taire…

Emilie, qui dès à présent regardait aussi Sayn, sourit, sans que le jeune homme ne sache pourquoi là encore… Bon… mieux valait-il abandonner la partie… Tandis que les deux jeunes filles communiaient par télépathie ou je ne sais quoi du même genre, il prêta attention à un rayon de livre, situé non loin de là où il se trouvait. Les livres ici, il en connaissait la plupart! Il adorait la lecture, et depuis le temps où il était ici, il avait eut bien plus d’une fois l’occasion de se rendre ici… Toutefois, il se demandait si un jour, il pourrait se vanter d’avoir lu toute cette immense bibliothèque.

Ce fut un léger bruit qui attira son attention. Un rire, qui aurait su se faire petit et discret en temps normal; mais pas ici. Il posa son regard sur Emilie et Sayn. Il s’agissait de la jeune blondinette. Et, avant qu’il n’ait pu dire la moindre chose, voilà cette chère bibliothécaire qui rappliquait.
Que dire de la bibliothécaire ? Eh bien… elle ressemblait à toute les bibliothécaires, ce qui veut dire qu’elle était vieille, et peau de vache.
Inutile de vous citer ses paroles, vous vous doutez bien de qu’elle dit aux trois jeunes gens. Ainsi, ces derniers se retrouvèrent bien vite en dehors de cet endroit.
En riant, Kaze se mit à parler aux deux jeunes filles.

« La seule chose qui demeure encore un problème ici, c’est la vieille peau de vache que vous venez d’apercevoir. Ah… combien de fois est-ce qu’elle m’a gâché ma journée celle-là… La seule bonne nouvelle, c’est que vu sa vieille face toute ridée, elle ne restera plus très longtemps ici… »

Tout ce qu’il venait de dire, c’était la vérité la plus profonde. Mais parfois, la vérité est mauvaise à entendre, surtout lorsque la personne concernée se trouvait juste derrière vous, et que vous n’aviez pas remarqué sa présence.……
……Oups ?

Une telle situation était… problématique…
La bibliothécaire ? Si l’on ne devait utiliser qu’un seul mot pour la définir, ce serait sans aucun doute "chiante". Oui, chiante… on ne pouvait dire autre chose… Elle l’avait toujours été.
Kaze était arrivé ici il y avait à présent sept ans. Et depuis ces sept ans, cette vieille peau de vache travaillait ici, comme enchaînée à ce lieu. A cette pensée, Kaze remarqua qu’il ne l’avait, par ailleurs, jamais vu dans un endroit autre que la grande pièce de livres…
Bref, donc cette vieille bibliothécaire aigrie était présente depuis les débuts du pensionnat… Lorsque Kaze était plus jeune, il ne pouvait nier le fait que cette dernière l’effrayait, si bien que venir à sa rencontre était pour lui une véritable hantise… Il en était même venu à penser que cette dernière devait être une Yajuu de type dragon… Du moins, elle y ressemblait…

Donc notre sympathique et bonne dame ne se trouvait guère loin du jeune homme lorsque ce dernier avait fait part de ses pensées. Ca, il eut le loisir de le remarquer bien après… Cette dernière fulminait! Était-ce dangereux, de rester ici ? Peut être que cette dernière allait se mettre à cracher du feu ? Dans ce cas, mieux valait-il fuir… Se transformer, et courir le plus rapidement possible ? Ce n’était pas une si mauvaise idée…
Pendant ce temps, le dragon s’était mis à rugir des choses aux oreilles de notre neko qui n’écoutait absolument rien… A quoi bon lui prêter ne serait-ce qu’un peu d’attention ? Il la détestait de toute manière… et puis il n’avait dit que la vérité… il n’était pas responsable si ça lui avait déplut…
De son côté, Sayn s’était mise à rire, chose qui semblait irriter la vieille d'avantage…

Oh! Enfin! Avant que Kaze ne fasse une idiotie comme se transformer et partir en courant, la vieille peau partit, non sans leur lancer un "vous aurez de mes nouvelles!"
Toutefois, il ne pouvait nier le fait que c’était pour lui un problème. Le dragon n’allait pas l’oublier, pas de si tôt. Lui qui avait l’habitude de passer la plupart de son temps à la bibliothèque… Si la vieille le reconnaissait, dans l’endroit même où il venait de se faire chasser, il risquait d’avoir encore d’avantage de problèmes…

Lorsqu’elle se trouva être à une certaine distance des jeunes gens, Kaze soupira, bruyamment. Une fois qu’elle fut partie, l’atmosphère se détendit d’un coup!

Et ba ! Pire qu’un dragon celle là ! Je doute qu’elle apprécie énormément notre présence. Tu ne crois pas Kaze ?

L’intéressé haussa les sourcils en guise de réponse. Et, ayant retenu la leçon, il jeta furtivement un coup d’œil derrière lui, dans la peur d’apercevoir encore une fois cet horrible dragon. Ce dernier était retourné dans son antre, et ne semblait pas prêt d’en ressortir.
…Un soulagement…

Emilie se remit à parler, d’une petite voix. Kaze, surprit par un ton si léger inclina légèrement la tête de façon à l’entendre.

Kaze ? Un prénom d’origine japonaise ? Ca l’était en effet…
Notre jeune homme eut un léger sourire quand il vit le visage rouge d’Emilie. Il lui répondit quelques instants après en ces termes:

« Oui, mon prénom est d’origine japonaise… »

Il se mit à rire, doucement, avant de poursuivre.

« Ca signifie vent…c’est ma mère qui a prit la décision de m’appeler ainsi… parce que c’est bien grâce au vent qu’elle a rencontré mon père… »

Il y avait en effet dix-neuf ans de cela, une jeune fille avait perdu son chapeau à cause de la brise qui soufflait, la personne qui le ramassa fut le père de son enfant.
A cette pensée, Kaze se remémora les joyeux moments, vécus avec sa mère. Comme il aurait aimé connaître son père aussi! Ainsi qu’avoir encore sa mère auprès de lui…
Mais que voulez-vous ? Il ne pouvait rien y faire… L’espace d’un instant, ses yeux se voilèrent d’une certaine mélancolie…
Certaine mélancolie qu’il ne tarda pas à chasser de son être en remarquant qu’il n’était pas seul!
Il afficha un grand sourire joyeux, avant de se mettre à rire.

« Bien! Alors ? Où est-ce qu’on va à présent ? »