Sans lâcher ma valise mais libérant l'une de mes deux mains en laissant tomber à terre mon mégot de cigarette, j'empoignais avec fermeté la poignée de la large porte d'ébène et la tournait lentement, comme pour faire durer le suspens. Durant son pivot, elle échappa un crissement des plus désagréables, donnant un aspect des plus lugubres à l'antre qui s'éclairait au fur et à mesure que la porte quittait son lit. J'observais calmement les lieux sans mot dire et fini par pénétrer dans le hall, mon regard obscure caressant les hauts mûrs bordés de larges fenêtres et de tableaux dont j'ignorais les sujets.

Bon, et maintenant ? Je me contentais de laisser tomber ma lourde valise à terre pour venir contempler d'un peu plus près les divers œuvres d'arts qui meublaient la pièce où quelques hauts chandeliers régnaient en maîtres sur les lieux. Qu'est ce que c'était vieillot.. Je soupirais, comme déjà lassé alors que je venais tout juste de faire mes premiers pas dans les locaux.

La modernité, ils n'ont pas l'air de connaître, soufflais-je pour moi même en déposant mon regard cette fois si sur les vues qu'offraient les vitraux.

Qu'est ce que je foutais ici déjà ? Ah oui, sous l'ordre de ma mère qui ne voulait que ma réussite et ma protection, j'avais dû rapidement faire mes valises pour fuir mon domaine au plus vite, abandonnant derrière moi une mère aimante et un jeune frère, encore innocent. Mais nul n'en doutait ; je reviendrais un jour pour me venger. Un sourire sadique se dessina lentement sur mes lèvres gercées tandis que je laissais glisser l'une de mes mains sur les toiles soigneusement tressées puis suspendues aux hauts mûrs qui bordaient la pièce. Le son de mes pas étaient amortis par un épais tapis couleur vin, se laissant cependant marqué sans difficulté au moindre frôlement de mes semelles.