On pourrait commencer cette histoire par l'habituel "Il était une fois..", mais ceci ne figure que dans les contes, et jusqu'à preuve du contraire, ceci est tout, sauf un conte. Tout commença par la rencontre de deux Washis, il s'agit bien sûr des parents de Ruka. Ils se sont rencontrés alors qu'ils étaient au lycée, et seulement deux ans après avoir obtenu leurs diplomes, ils se sont mariés. Ils eurent leur premier enfant un an après : Ruka venait donc de naître. A vrai dire, ils n'avaient pas vraiment à se plaindre, ils avaient une superbe maison, hérité de la mère de sa mère, le père avait un job convenable et bien payé. Sur ce plan, ils n'avaient aucun soucis. Mais c'était sans compter sur la maladie dépressive de sa génitrice, ainsi que sur les goûts très prononcés envers les jeux d'argent du géniteur. Au début, ils arrivaient à gérer leurs problèmes. Il arrivait de temps en temps qu'ils aient des soucis d'argent, mais ce n'était jamais bien alarmant. De même pour la mère, elle avait beau être très dépressive et colérique, elle arrivait à se contenir et se bourrait de cachet matin et soir pour la mettre en veilleuse et élever correctement son fils. Ce dernier ne s'est jamais plains, car malgré tout ça, ses parents ne se disputaient jamais. Ils s'aimaient profondément, avec leurs qualités et surtout les défauts, c'était un ensemble : le véritable amour pour les deux. Et au centre de cet amour, il y avait Ruka.

Le jeune garçon grandissait bien et vite, et n'avait aucun problème pour se faire des amis. C'était un enfant très sociable, puis en grandissant ce trait de caractère ne changea pas, mais il se trouva aussi être très protecteur envers les personnes qu'il aimait. Peut-être un peu trop par moment aussi. Sa protection en devenait de la jalousie : il ne supportait pas que quelqu'un d'autre que lui se montre très familier avec ses amis les plus proches. Mais cela ne dérangeait pas ses amis, le trouvant mignon ainsi.
Déjà enfant, il détenait des yeux qui se rapprochait plus de lames que d'autre chose. La couleur n'en restait pas moins magnifique, et son regard envoûtant et tendre. Seulement dès qu'il s'énervait, ce qu'il faisait rarement, les autres prenaient peur en affrontant ses prunelles glaciales. Quand ce n'était pas à cause de ses orbes aux fentes, c'était à cause de ses canines plus longues et plus tranchantes que la moyennes. A vrai dire, ni lui, ni ses parents ne savaient ce qui se cachait derrière ces crocs. Les aigles n'en avaient pourtant pas..

Il eu droit à une petite soeur à l'âge de cinq ans. Ruka était vraiment heureux d'avoir une petite soeur et jamais il n'oubliera le sourire innocent qu'elle lui avait fait en le voyant. Il était totalement sous le charme. C'était certain qu'il protégerait cette petite au péril de sa vie, il l'aimait de toute son âme.
Depuis sa naissance, Mme Tsubasa s'était calmée, elle pouvait même diminuer le nombre de cachets qu'elle prenait par jour. Cependant, du côté du père, ça empirait. Il croulait sous les dettes et avait du mal à s'en sortir. C'était ça d'être malchanceux et d'adorer les jeux d'argents.. Ca n'interférait pas dans la vie quotidienne de sa famille, alors il s'en moquait sans doutes.

La petite soeur de Ruka, qui se nommait Yuki, grandissait parfaitement bien. Elle semblait très attaché à son grand frère et jouait avec lui dès qu'elle le pouvait, c'est-à-dire chaque fois qu'il revenait de l'école. Le petit aigle n'avait jamais vu pareil sourire, rien que de là il pouvait sentir toute la bonté de ce petit être, et il souhaitait voir à quoi elle allait ressembler en grandissant. Allait-elle garder ce magnifique sourire sur ses lèvres avec ce regard emplie d'innocence et de pureté ? Le jeune garçon était surexcité rien que d'y penser. Il en parlait tout le temps avec sa petite soeur, bien que celle-ci ne lui répondait que par des gazouillements qu'il trouvait adorable.
Le petit yajuu prenait des cours de piano depuis l'âge de quatre ans, il s'en sortait plutôt bien, mais il n'était pas non plus ce qu'on pourrait appelé "prodige". Il eut droit à son propre piano à son septième anniversaire, et depuis il s'entraîne souvent, toujours en compagnie de sa jeune soeur qui ne pouvait marcher sans aide. La petite avait l'air d'apprécier l'art de la musique autant que lui, ce qui lui donnait envie d'aller toujours plus loin, mais jamais il n'eut envie de participer à des concours pour juniors. Ce n'était pas à cause du trac ou de la gêne, juste qu'il n'avait pas le temps pour ce genre de chose, il préférait rester avec sa soeur, pendant que sa mère flânait devant la télévision avec des cernes énormes sous les yeux, comme toujours. A force, le petit brun pensait que c'était tout à fait normal.

Puis un beau jour, Ruka trouva un garçon étalé sur le sol sur le chemin du retour. Il semblait avoir son âge, c'est-à-dire dix piges. Il avait vraiment du mal à comprendre de quelles couleurs étaient faits les yeux de ce garçon qui le regardait maintenant qu'il l'avait redressé pour voir s'il allait bien. On aurait dit un arc-en-ciel, et il en fut plus qu'émerveillé. Cependant ce jeune garçon semblait affamé. Après une petite discussion vraiment brève, l'aigle traîna l'autre jusque chez lui.
Une fois à l'intérieur, à présent rassasié et désaltéré, le petit bonhomme aux yeux d'une très étrange teinte leur raconta son histoire et sa venue ici. Comme quoi c'était un test pour savoir s'il serait un bon meneur pour son clan d'hippocampe. En effet, c'était un yajuu hippocampe. Son nom était Rui Natsume, il avait du sang japonais de sa mère d'où il tenait ce nom, de la même façon que Ruka mais de son père, sa mère étant anglaise. Rui devait rester une semaine sur la terre ferme en se débrouillant comme il pouvait, alors la famille Tsubasa décida de le garder chez eux pour qu'il ait un toit et à manger.
L'aîné de cette petite famille heureuse s'entendit immédiatement avec le petit Rui, c'était une grande amitié qu'il y avait entre ces deux là. Dès le premier jour, ils étaient devenus inséparables. Savoir qu'ils allaient bientôt se séparer et sûrement pour toujours les chagrinaient énormément tout deux, ainsi ils profitaient entièrement du temps qu'ils pouvaient passer ensemble.
Seulement voilà : le cinquième jour de cohabitation, Rui disparu tout à coup. Pourtant il restait encore deux jours, alors pourquoi était-il parti prématurément ? Sans même dire au revoir ni rien ? Et si en réalité il lui était arrivé quelque chose ? Ruka avait beau se triturer les méninges, il ne trouvait aucune réponse. Et les jours passèrent sans qu'ils ne reçoivent de nouvelles de Rui, ce qui attristait vraiment l'aîné de la famille Tsubasa.

Seulement, toute bonne chose (même si elles ne le sont qu'à moitié) à une fin. Là, ce fut à cause de la chute du paternel : son licenciement. Crise économique, des postes ont dû être supprimés, et ça tomba malheureusement sur lui. Et cet imbécile ne crut pas bon d'en informer sa petite famille. A vrai dire, Ruka l'apprit tout à fait par hasard, certains de ses camarades de classe discutait du statut social de leurs parents, et il apprit donc là que le poste de son père avait été supprimé. Bien qu'il le sache, il n'en disa rien chez lui. Sa petite famille continuait à vivre avec les économies de la mère, sans que cela puisse paraître étrange.
Mais même en ayant perdu son job, M.Tsubasa continuait de parier et de jouer à des jeux d'argents, et c'était même pire maintenant qu'il avait ses journées de libres. La seule chose qu'il lui fallait, c'était de l'argent : il en prenait chaque matin dans le porte-monaie de sa femme. C'était plus fort que lui, il fallait qu'il joue à ces jeux stupides.

Quelques semaines plus tard, il se prit en pleine figure toutes les dettes qu'il avait accumulé durant tout ce temps. Il n'avait pas de quoi retourner cet argent, la seule possibilité qu'il restait à ses créanciers, c'était de le tuer. Ceux qui ne peuvent rembourser sont bons qu'à mourir et pourrir pour servir de dîner aux vautours. C'est ainsi qu'ils pensaient, certainement.
Les personnes qui tuèrent Monsieur Tsubasa furent des yajuus Koumoris : voici d'où vient la haine féroce envers cette race.

Le jour suivant, la nouvelle arriva à la famille. Oui, seulement le jour suivant. Le temps que le corps soit découvert, qu'on trouve son identité, et qu'on prévienne sa famille, cela avait prit une journée.
Ruka se souvient avec exactitude le moment où sa mère l'avait apprit, et lui en même temps.

Le téléphone avait sonné, Mme Tsubasa s'était levé du divan qu'elle regretta rapidement, et s'empara du combiné pendant que son fils s'amusait avec sa soeur. Elle répondit de sa voix fatigué, et quand les informations lui parvinrent, l'objet lui glissa d'entre les doigts et tomba sur le sol d'un bruit sec. La voix à l'autre bout du fil parlait toujours, mais personne n'écoutait. La femme aux longs cheveux sombres se mit à trembler de part en part avant que ses jambes ne se dérobent sous elles, la faisant tomber également. Elle se retrouva assise sur le sol alors que ses ongles s'agripaient au parquet qu'elle abîmait, des larmes coulaient à flots de ses yeux clairs.
Elle continua de griffer le bois jusqu'au sang alors que sa voix sanglotante se transforma doucement en cri désespéré. Ruka surveillait sa mère du coin de l'oeil, la petite dans les bras. Les enfants comprirent rapidement que quelque chose n'allait vraiment pas, et pourquoi leur père n'était pas revenu la veille. Cela avait-il un rapport avec l'appel qu'elle venait de recevoir ? Toutes sortes de questions résonnaient dans sa tête tandis que Mme Tsubasa se leva enfin, la tête basse, et elle se dirigea vers la cuisine. L'aîné posa sa petite soeur au sol et alla raccrocher le téléphone et quand il se retourna, une vision d'horreur s'offrait à lui.
Sa folle de génitrice s'était emparée d'un couteau de cuisine, l'un des plus grands et plus gros, et s'approchait de sa fille avec un regard de demeuré ainsi qu'un immense sourire de pure folie. Soit elle n'avait pas prit ses médicaments depuis un moment, soit la nouvelle qu'elle venait d'apprendre avait suffit à lui faire totalement perdre la boule. Bien que Yuki ne soit âgé que de cinq années, elle comprenait bien que sa maman chérie n'allait pas bien, et elle avait peur en la voyant comme ça, elle tenta même de s'enfuir pour rejoindre les bras de son grand frère adoré, mais elle n'en eut pas le temps, malheureusement. Les pas de Yuki faisaient bourdonner les oreilles de Ruka parce qu'il voyait ce que elle ne voyait pas : une dégénérée derrière elle qui leva son arme et la planta dans le dos de sa propre fille et son visage fut peint de rouge. La petite fille s'écroula sur le sol, inerte, tandis que des larmes continuaient de couler de ses yeux. En voyant cela, l'aîné se laissa tomber par terre, terrorisé, l'eau s'écoulant de ses yeux exorbités prit d'affreux tremblements. La meurtrière reprit son arme, donna deux ou trois coups en plus dans le corps de sa fille en hurlant des choses incompréhensibles. Dans tout ce qu'elle avait put crier, les seuls choses que Ruka avait put comprendre étaient :

« Il est mort.. Il est mort.. ! C'est de votre faute ! Si on ne vous avait pas, on aurait eu de l'argent ! De l'argent !! Il est mort.. et je ne peux pas vivre sans lui.. ! Alors vous non plus ! »

En gros c'était ça.
A ce moment, l'esprit de Ruka était totalement embrouillé. Son intérieur bouillonait de colère mais l'extérieur n'exprimait que sa tristesse et sa peur. Son coeur se fit lentement prendre dans les mailles de la haine, mais vers qui est-elle tournée ? Vers son père qui ne vivait que pour l'argent, l'argent et encore l'argent à tel point qu'il avait fait coulé sa famille ainsi que de se faire tuer ? Vers sa mère qui n'avait déjà pas toute sa tête en temps normal mais que désormais elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, une tueuse sans scrupule qui tuait ses propres enfants ? Vers lui-même parce qu'il n'avait rien pu faire pour protéger sa chère petite soeur alors qu'il se l'était juré dès sa naissance ? Ou encore, vers ceux qui ont tués son père, ce qui a généré tout cela ? Il ne savait pas encore qui en était l'auteur, mais il ne tarderait pas à le savoir. Il en était certain : sauf s'il ne sortait pas vivant de ce lieu.
La seule chose à laquelle il devait songer pour le moment, c'était sa propre survie. Car effectivement, la femme qui l'avait mis au monde s'approchait à pas lent vers lui, tendant son couteau vers lui, les larmes dégoulinant encore et toujours de ses immondes œils. Même si elle voulait le tuer, ce qui se voyait parfaitement dans ses yeux, Ruka se sentait triste pour elle : elle venait de perdre son mari. Mais il venait tout de même de perdre son père ainsi que sa petite soeur chérie ! Il était le plus à plaindre dans l'histoire, surtout que de toute évidence, c'était à son tour d'y passer.

Dans un élan de survie, le petit Ruka commença à reculer, même s'il était à terre. Seulement, plus il recula, plus il se rapprochait du mur, et inévitablement, il fut bloqué entre ce dernier et sa folle de mère. Il n'avait plus aucune chance, il allait simplement mourir, tout comme sa petite soeur. Il lui jeta d'ailleurs un regard, mais ses yeux mouillés l'empêchèrent de voir clairement. Au moment où il sentit l'air se fendre devant lui, il comprit que c'était la fin. Et sa mère, qu'allait-elle devenir ? Certainement qu'elle allait se suicider. Elle ne pouvait vivre sans son mari, c'était une évidence, elle l'avait dit elle-même.
Et le couteau pénétra la peau de son fils, il hurla. Il tenta même de ne pas le laisser aller plus loin, ce qui aggrava la blessure, la faisant prendre plus d'ampleur. Il ne voulait pas finir ainsi, même s'il n'avait pas réussi à protéger sa petite soeur, il était sûr qu'elle n'aurait pas voulu qu'il se laisse faire. Il devait se battre. Le jeune washi donna des coups de pieds dans les jambes de sa génitrice qui finit par tomber sur le sol. Le sang coulait de sa bouche et de sa blessure, mais au moins, il n'était pas encore mort, et il pouvait bouger, quoique très difficilement. Il retira l'arme de lui, s'arrachant ainsi un horrible cri. L'objet tomba sur le sol avec un certain tintement semblable à une clochette. La tueuse se roula sur le ventre, et s'avança à l'aide de ses mains sur le sol, attrapant son arme, tandis que son fils bien-aimé boitait jusqu'au couloir. Ainsi, elle ressemblait à la fille de The Ring, quel film d'horreur d'ailleurs. Mais passons.

Ruka ne se souvient plus vraiment de la suite. Il avait la vue embrouillée, mais il arrivait à se diriger dans sa maison, à grimper les escaliers en laissant son sang en guise de cailloux blancs pour que sa mère retrouve son fils comme le petit poucet faisait pour retrouver son chemin. Il était parti dans sa chambre, avait fermé la porte à clef, et avait foncé vers la fenêtre : il savait que la porte ne tiendrait pas longtemps face au monstre qu'était devenue celle qu'il appelait "maman". Celle-ci donna des coups sur le bois, le détruisant petit à petit, c'était moins efficace qu'une hache, mais ça restait dangereux. Il ne devait pas rester ici.