Cela faisait un moment maintenant qu’Avael était arrivé à Phoebe. Il avait rattrapé le retard de ses études et son travail, ainsi que le silence lui manquait. Chaque jour il se demandait ce qu’il faisait encore là. Il pourrait partir pour reprendre le travail, travail qu’il n’avait pas abandonné puisqu’il écrivait des chansons dès qu’il le pouvait, mais lorsqu’il les relisait, il les trouvait moins bien que les autres. Quelque chose manquait désormais dans tous ce qu’il écrivait, mais il ne savait pas quoi. Qu’est ce qui avait changé depuis qu’il avait du reprendre l’école ? Il n’avait plus de fans ? Si, il y en avait encore qui venait lui demander des autographes. Il n’avait plus son manager ? C’est vrai, mais il ne lui avait jamais rien apporté. C’était par rapport à quoi alors ? Qu’est ce qu’il n’avait pas et que les autres élèves normaux avaient à son âge... ? Une vie tranquille, simple. Ça il ne pourrait jamais l’avoir, il le savait. Mais c’était comme ça depuis le début, et avant tout allait bien, mais c’était plus le cas maintenant. Avael déprimait vraiment.

Il prit toutes les chansons qu’il avait écris jusqu’à maintenant, que ce soit celles qui étaient connus des fans ou celles qu’il avait écris depuis qu’il était à Phoebe. Il attrapa aussi son lecteur mp3 où les différentes fonds musicaux conçus par la société. Il monta ensuite sur le toit, celui-ci était désert et pour cause : Avael séchait un cours de philosophie. Donc la plupart des élèves étaient en cours. Il s’installa à même le sol avec un oreiller qu’il avait prit en même temps, au cas où il aurait sommeil, des pierres pour empêcher les feuilles de s’envoler et commença ce qu’il nommait comme une remise à niveau de ses chansons. Pour ça, il devait utiliser son mélodieux pouvoir pour savoir ce qui avait changé. Il passa plus d’une demi-heure dessus sans trouver des réponses. Peu importe la manière dont il analysait les mots, dont il les chantait, rien n’allait. Le vautour aux cheveux verts se mit alors à fouiller ses souvenirs pour se rappeler de quelque chose qu’il aurait perdu ou oublier par rapport à avant. Un objet porte-bonheur ? Il n’avait jamais eut rien de tel... C’est alors que sa petite lanterne s’alluma : avant il écrivait ses chansons en pensant à ses parents et à ses amis. Mais maintenant, il ne s’était pas encore fait d’amis à Phoebe et il ne voulait pas trop penser à ses parents pour l’instant, puisqu’à cause d’eux, il s’ennuyait un peu trop ici.

C’était donc ça son problème : il n’avait plus personne à qui écrire ses chansons... Il était mal, vraiment mal. Parce que pour sa famille, elle ne pourra plus lui servir de destinataire et il était très mal partit pour ce faire des amis. S’il retournait à l’agence maintenant, il n’arriverait pas à ravoir autant de succès. Il allait même plonger net. Il était sûr de ça. Rien que l’idée qu’il ne pourrait plus chanter comme il le faisait avant et ainsi apaiser le cœur de ceux qui l’écoutait, l’épuisait. Car oui, il ne chantait pas pour l’argent, son don de naissance lui permettait d’aider les autres et il voulait le faire, bien sûr, il ne râlait pas contre l’argent, mais il ne demandait pas non plus d’augmentation. Il s’allongea, mettant son oreiller sous sa tête pour plus de confort et se mit à observer le ciel.

Insouciant de tout ce qu’il se passait sous lui, le ciel restait chaque jour bleu. Même sous les nuages gris, il restait bleu. Il ne changeait jamais car il avait le soleil et la lune pour l’accompagner tout le temps. Aujourd’hui, il n’y avait pas de nuages gris, mais des petits nuages blancs par-ci, par-là. Tout était calme, tout sauf Avael qui bouillait de l’intérieur. Et de l’extérieur aussi d’ailleurs... Il avait chaud, sûrement à cause du soleil haut dans le ciel. Son front était brûlant et il avait la méchante impression que ses vêtements lui collaient à la peau. Il n’avait quand même pas de la fièvre ? Non, sa température était normale, il n’avait donc pas de fièvre. Une larme coula de l’un de ses yeux, puis une autre. C’était des larmes de frustration : penser qu’il ne pourrait plus faire ce qu’il faisait de mieux le frustrait et le rendait triste. Il essaya de sécher les larmes du mieux qu’il peut, mais les sillons qu’elles avaient creusés étaient toujours là et ses yeux étaient légèrement rouges. Il se redressa, serrant son oreiller contre lui comme pour chercher du réconfort et regarda les feuilles qui s’étendaient devant lui... Il n’arriverait jamais à se faire même un meilleur ami avant la fin de cursus scolaire. Il allait devoir trouver autre chose à faire à part chanter... Autre chose à faire à part ce qu’il faisait de mieux... Ça allait être très dur de trouver.

Il ne voulait pas penser à ce qui lui arriverait si jamais il ne pouvait plus chanter. Toute sa vie reposait sur les capacités de sa voix. Son don venait de sa voix, sa carrière venait de sa voix, son avenir viendrait sûrement de sa voix, son indépendance venait de sa voix. Tout le ramenait à sa voix. Il ne se voyait pas chanter quelque chose écrit par quelqu’un d’autre. Il mettait tous ses sentiments dans ses chansons, mais là, il n’avait plus personne à qui adresser ses sentiments, donc il ne pouvait plus chanter. En ce moment même, il avait même peur que son don devienne défaillant...

Avael n’arrivait pas se calmer. La frustration et la tristesse était trop forte. Ses larmes se remettaient à couler sans signe avant coureur. Son visage était pourtant détendu, c’était la première fois qu’il pleurait à vrai dire et il fallait avouer que ça faisait beaucoup de bien. Oui, il n’avait jamais pleuré, il avait toujours été heureux ou il préférait transformer sa tristesse et ses larmes en mauvaise humeur. Mais là il n’avait pas put le faire, ça l’avait pris comme ça, trop rapidement. Il n’entendit pas le nouvel arrivant, mais il le sentit, car avec ou sans larmes, il restait toujours un vautour. Et un vautour est doué pour ressentir les personnes vivantes et mortes. Cette personne était vivante en tous cas. Avael sécha une nouvelle fois ses larmes qui étaient obstinées et tenaces.

Il pouvait sentir la personne s’approcher de lui, le plus discrètement possible, mais ce ne fut pas le cas, tout simplement parce qu’Avael est un vautour, mais surtout à cause de la chute de la personne en question fit. Avael tourna la tête vers lui, plutôt lentement. Si c’était une fille, il n’allait pas bouger de sa place, tout simplement parce qu’il n’aime pas les filles en général, à part très, très, très rares exceptions. Mais en voyant que c’était un garçon, ses yeux s’agrandir un peu, normalement, c’était plutôt aux filles d’être aussi maladroites.

« Salut. »

Avael sourit en voyant l’air gêné de ce garçon, d’à peu près son âge. Il se leva et tendit la main vers le garçon pour l’aider à se relever. Avec une fille, il n’aurait jamais ça, c’était sûr et certain. Il espérait juste qu’il n’ait pas vu ses larmes, c’était encore plus embarrassant que de tomber sans faire exprès.

« Bonjour, alors comme ça toi aussi tu sèche ? »

Un sujet de conversation comme un autre. Il aurait vraiment put trouver mieux, mais aller savoir pourquoi, il était intimidé et troublé, sans savoir vraiment pourquoi avec lui dans les parages. C’était pourtant la première fois qu’il le voyait, mais peut être était-ce à cause des larmes qu’il venait de verser qui le rendait plus mal à l’aise. Il observa son interlocuteur, un garçon aux cheveux aussi blancs que la neige venant juste de tomber, des yeux magnifiques et profonds, encore plus dorés que les siens. Pour éviter de faire comme s’il le déshabillait du regard, il regroupa ses feuilles pour ensuite remettre une pierre dessus, au cas où il y aurait du vent et fourra le lecteur mp3 dans sa poche, avant de se tourner une fois de plus vers le blandin.

Le vautour aux cheveux verts se souvenait de la première fois où son pouvoir était apparu. Ou plutôt le moment où il s’était rendu compte qu’il l’avait. C’était un jour comme les autres, il faisait beau et le jeune garçon alors âgé de six ans se rendait au parc pour aller jouer. Comme à son habitude, il était joyeux et fredonnait l’air d’une chanson qu’il venait d’entendre. Etrangement, les oiseaux étaient plus nombreux sur son chemin, comme pour s’ils étaient venus l’écouter. Il s’arrêta devant un passage piéton en voyant le petit bonhomme rouge, mais il remarqua aussi qu’une vieille dame traversait... Il se demanda si en fait il fallait traverser au rouge et non au vert. Soudain, un camion déboula dans la rue, le conducteur était endormit sur le volant et il ne pouvait pas voir la vieille dame qui traversait. Sans réfléchir, Avael s’était élancé vers la dame pour la pousser et lui faire éviter une mort prématurée, mais même en la poussant, elle risquait de ce faire écrasé et lui aussi désormais par la même occasion. Le cri de peur qu’il poussa à ce moment-là ressemblait plus au rugissement d’un animal qu’à un vrai cri d’enfant. C’est là que son don s’activa vraiment pour la première fois : une barrière invisible se forma et le camion s’écrasa dessus, stoppant sa course et sauvant les deux Yajuu par la même occasion. Etant encore petit, Avael n’avait pas compris que ce qu’il venait de ce passer était de sa faute, il croyait que c’était la vieille dame qui les avait sauvé. Heureusement, le conducteur n’avait été blessé que superficiellement : quelques égratignures ou coupures, mais rien qui ne mettait sa vie en danger. La presse locale parla un moment de ce phénomène car d’après la vieille dame, elle ne possédait un pouvoir aussi puissant et de cette nature pour créer une barrière capable de défoncer la carrosserie d’un camion. Mais personne ne soupçonna Avael non plus car il était petit et que les dons de naissances étaient très rares. C’était la première fois qu’il avait vraiment utilisé son don.

Aujourd’hui, Avael ne pouvait plus chanter pour son public et le rendre heureux. Son don ne lui servait plus à rien et il se demandait ce qu’il allait lui arriver désormais. Il n’avait plus beaucoup de souvenirs de son enfance, mais une envie bien étrange lui donnait envie ou plutôt le poussait à se souvenir. Peut être que pour ses chansons redeviennent magiques, il devait se souvenir de son enfance et les sentiments naïfs et purs qu’il ressentait encore à ce moment-là. Car maintenant, il avait changé et il pensait beaucoup plus qu’avant. En fait, c’était peut être ça qui lui manquait : un peu de naïveté... Enfin, il y repenserait plus tard, en ce moment même, il faisait connaissance avec un des nombreux élèves de Phoebe et sans qu’il puisse l’expliquer, il se sentait bizarre en sa présence, sans pour autant en savoir la raison. Cette sensation incompréhensible et qu’il ne connaissait pas le rendait curieux... Car c’était bien la première fois qu’il la ressentait... De la nostalgie ? Peut être. De la joie ? Non, ce n’était pas ça, ni de la colère d’ailleurs. De l’impatience ? Non plus. De l’amour ? Non... Quoi qu’il ne l’avait jamais ressenti. Bref, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait.

« Et bien oui... Je n'avais pas très envie d'aller en cours. »

Avael sourit à cette phrase. Toutes les personnes qui séchaient n’avaient pas envie d’aller en cours. Les gens qui séchaient pour une autre raison étaient assez rares. Quand au vautour, il avait deux raisons : il n’avait pas envie d’aller en cours lui aussi, mais aussi il avait vraiment voulu savoir ce qui n’allait pas avec ses chansons. Maintenant il savait : elles n’avaient pas de raisons d’exister. N’ayant personne à toucher et à faire sourire, comme lui elles étaient fades.

« Je m'appelle Akise. Akise Aru et toi ? » « Avael Nusuni. » Lui répondit le vautour aux yeux mordorés.

Il venait de rencontrer l’une des rares personnes qui ne le connaissait pas. Dans un sens ça le rendait heureux dans le sens qu’on n’allait pas encore une fois l’embêter avec un autographe ou quelque chose d’autres, quoi que face à lui c’était un garçon, alors il serait près à le faire, mais aussi il était un peu triste : son don ne servait plus à rien, il ne redeviendrait sûrement plus chanteur alors il ne pourrait pas aider ce garçon si jamais il perdait son sourire chaleureux et rayonnant.

Un vautour est un oiseau mangeur de cadavres, il peut donc facilement détecter les personnes mortes et celles vivantes. Il ressent aussi les odeurs qui accompagnent les blessures. C’est comme ça d’ailleurs qu’il repère ses futurs repas. Il sent l’odeur d’une blessure et il se mette ensuite à suivre le détendeur de la blessure jusqu’à ce qu’il meurt et il venait ensuite récupérer sa part du butin. Et Avael était justement un Yajuu Hagutaka, soit un vautour. Alors, lorsque le blandinet face à lui ressentit de la douleur, ça ne passa pas inaperçu aux yeux du jeune homme aux cheveux vert feuille.

« Assied-toi. » Ordonna-t-il avec une voix qui n’acceptait aucun refus.

Akise s’assit presque sur le champ. Avael pouvait en effet se montrer assez autoritaire lorsqu’il s’agissait du malheur des autres, car même s’il n’en n’avait pas du tout l’air avec les filles, il était soucieux des autres. Il attrapa la cheville blessée du blandinet et l’examina. Heureusement, ce n’était rien de grave, une simple foulure, mais il fallait quand même de la glace et quelques gestes spécifiques que seul les médecins ou les infirmiers devaient connaitre. Il en avait entendu des conseils, mais n’ayant jamais pratiqué, il ne voulait pas tenter quelque chose qui pourrait aggraver l’état de sa cheville. Mais il essaya quand de faire quelque chose : il n’avait pas glace, mais avec son don, il pourrait essayer de créer une zone de froid autour de sa cheville. Quoi qu’il pourrait la geler sans faire exprès... Il préféra utiliser son idée sur l’eau de la bouteille qu’il avait emmenée et qui se trouvait à l’intérieur de son oreiller. Dans un premier temps, en chuchotant un léger air, il entoura une partie de l’eau dans une sphère de son et entreprit ensuite d’essayer de la faire geler. Cette première étape marcha à la perfection. Il soupira de soulagement et attrapa son oreiller pour le déchirer et faire un emballage à la boule de glace et posa le tout sur la cheville du blandin. La glace était la première chose obligatoire à faire dans n’importe quelle circonstance, cela permettait non seulement ça permettait de réduire la douleur, mais en plus ça pouvait empêcher que la cheville gonfle.

« Ça va mieux ? »

Lui demanda-t-il en se souciant réellement de lui. Avael aimait aider et faire sourire les gens, c’est d’ailleurs pour ça aussi qu’il avait pris quelques cours de secourisme. Il voulait aider le plus de gens possible peu importe les circonstances et connaitre des gestes qui permettaient de sauver des gens étaient toujours utiles à savoir. Mais là bien sûr, ça relevait de ses connaissances personnelles. Et avec tout ça, Avael en avait oublié toute sa tristesse qui l’avait pris un peu plus tôt.

Le passé... Avael ne s’en souvenait pas parfaitement, mais il y avait des choses flagrantes qui l’avaient marqué, comme n’importe quel enfant. Par exemple, les oiseaux et écureuils qui venaient lui parler de ce qu’il se passait dans le quartier lorsqu’il revenait de l’école. Au début il n’avait jamais compris pourquoi il pouvait comprendre les animaux mais lorsqu’un de ses parents le trouvait en transe avec un animal sur le bord de la fenêtre, il ne venait le déranger. Comme si eux savaient comment il faisait et pourquoi il pouvait le faire. Et après le diner, son père ou sa mère lui demandait toujours de quoi il avait parlé avec cet oiseau ou ce chat. Avael pouvait passer la soirée à leur raconter sa discussion et c’était devenu "normal" pour lui. Alors lorsqu’il avait appris que ce n’était justement pas normal, il s’était sentit triste pour tous ceux qui ne pouvait pas comprendre les animaux.

« Oui. Beaucoup mieux grâce à toi... »

Akise lui sourit et le garçon aux cheveux verts lui rendit son sourire. C’était tant mieux. Le vautour, même s’il était sensé être un prédateur, n’aimait pas voir les autres blessés. S’il n’avait pas été élevé comme il l’avait été, il aurait sans aucun doute été comme tous ses autres Hagutaka : violent, cherchant la bagarre, tenant tête à tout le monde et se faisant remarquer. Même si dans un sens, avec des cheveux pareils, il ne passait pas inaperçu, et encore moins pour ceux qui savaient qu’il était un chanteur...

« Je voulais te demander... On... On aurait pas grandit dans le même quartier par hasard ? »

Avael le fixa longuement. C’est vrai que c’est peut être ça qu’il ressentait envers lui : de la nostalgie parce qu’ils avaient vécu ensemble étant plus petit. Mais le garçon aux cheveux verts avait déménagé trois fois en tout avec sa famille avant d’emménager seul dans son studio. Il s’assit par terre et retira la glace à la fin des dix minutes réglementaires. S’il avait laissé la glace plus longtemps, le pied aurait put gonfler à cause du froid. Il plongea ensuite dans ses souvenirs, concentré sur un point par terre, les sourcils légèrement froncés.

Le passé... Son passé était plein de portes. Toutes les ouvrir prendrait trop de temps. Il devait définir une époque qui l’avait particulièrement marqué... Il y avait bien évidemment le moment où il avait utilisé son don pour la première fois sans s’en rendre compte, pour sauver cette vieille femme. Y avait-il une autre époque qui l’avait spécialement marqué... ? Quand il avait huit ans, il se souvenait que les animaux étaient plutôt craintifs envers une maison et qu’ils disaient qu’il y avait souvent du bruit venait de l’intérieur. Avael était aller y faire un tour pour voir de quoi il en retournait. Il se souvint que ce jour, il avait eut très mal aux oreilles à cause des cris amplifiés par son don. Et au moment où il s’était en allé, il avait vu un petit garçon aux cheveux blancs et aux yeux dorés. Il n’avait pas l’air d’aller bien aussi. Le lendemain à l’école, Avael l’avait cherché et l’avait trouvé dans la cour. Au bout de quelques jours, ils avaient finis par devenir amis.

« Ah oui... Je me souviens, tu étais Aki-chan ! » S’exclama-t-il avec un grand sourire. « On vivait à deux-trois maisons d’écart et on était dans la même école primaire. »

Inconsciemment et fond de lui, il savait qu’il ne devait pas parler des disputes qu’il avait entendu entre les parents d’Akise. De toute façon, il n’était pas sensé savoir qu’ils se disputaient. Ses parents à lui ne s’étaient jamais disputés parce que sa mère était un peu trop calme, alors il ne savait pas ce qu’avait put ressentir Akise. En tous cas, il n’avait pas été le moins du monde gêné de quasiment crier le surnom qu’il donnait à l’époque à Akise. Ils étaient encore gamins et Avael n’avait honte de rien à cet âge là et ça n’avait pas vraiment changé, avec les garçons en tous cas. Ce qui était sûr, c’est qu’il n’avait pas tout de suite reconnus le blandin, mais maintenant, il se souvenait de tous les moments qu’ils avaient passés ensemble. C’était très marrant, ils avaient même fait une ou deux bêtises... Ils étaient des enfants aussi il fallait dire et c’était toujours Avael qui l’avait embarqué dans les bêtises.

Le passé... Le passé fait le présent des personnes. Le passé aide à créer le futur. Mais contrairement au passé qui ne peut être changé, le futur peut l’être. Les choix que l’on faits et les décisions que l’on prend, tout est en favorisé par le passé. Car sans souvenirs, une personne n’est rien, mais on se crée des souvenirs tous les jours, alors une personne n’est jamais vide même si elle perd son passé. Le passé est la seule chose que l’on peut perdre car le futur n’est jamais complètement écris à l’avance et le présent ne dure qu’un bref instant. La seconde d’après il fait déjà partit du passé et la seconde qui va venir fait partit du futur. Ses trois notions sont toutes importantes pour l’homme mais elles n’ont pas de limites visibles : le passé se construit tout les jours, comme le futur et le présent.

Le passé ne doit pas être effacé car en effaçant le passé, on efface les bons moments, les expériences qui nous ont permis de devenir la personne qu’on est, même s’il y a de mauvais moments que l’ont voudrait oublier. Vivre avec soi signifie vivre avec son passé, son présent et son futur, mais aussi avec ce qui nous entoure : les bons et les mauvais moments. Si le passé de tous le monde était parfait, il n’y aurait pas de différence entre les gens, leurs présents et leurs futurs. C’est pour ça aussi que le passé est important pour une construite non seulement une personne mais aussi sa vie.

Avael avait conscience de procédé du point de vue d’un adolescent. Il n’en voyait encore que les contours, mais il savait déjà qu’il ne fallait rejeter ni personne, ni quoi que ce soit. Car ce principe ne se rattachait pas seulement au passé, au présent ou au futur, mais tous dans ce monde. Bien sûr, ne rien rejeter était en soi-même impossible : lorsqu’on faisait un choix, on en rejetait d’autres, mais il fallait alors rejeter le moins de choses possibles et il surtout, il fallait subjectif : rien n’est complètement bon ou complètement mauvais.

Il se doutait bien qu’Akise avait dut avoir beaucoup de problèmes avec ses parents, il souhaitait en tous cas que le blandin ne chercherait pas à rejeter ce dur passé, parce qu’il n’avait pas toujours été seul. Par contre, il s’en voulait vraiment d’avoir laissé Akise seul lorsqu’il avait dut déménager... Il ne se souvenait plus très bien de la raison qui les avait poussés à changer de coin, ses souvenirs étaient encore flous concernant son départ. Il savait par contre que ce n’était pas à cause du travail... Un problème, mais lequel ? En tous cas, il fut très content qu’Akise le sert contre lui, même s’il fut un peu surpris. Il le serra aussi contre lui. Avael était très content, peut être même un peu trop, de le revoir, il lui avait beaucoup manqué.

« Je me souviens oui. Ça me fait plaisir de te revoir Avael. »

Avael était encore plus content à ce moment-là, ça faisait tellement longtemps qu’il ne l’avait pas entendu prononcé son nom. Ça le rendait nostalgique tout d’un coup, du temps où ils jouaient et s’amusaient ensemble. Comme il était trop petit à l’époque, Avael ne savait pas expliquer ce qu’il faisait, mais pour faire sourire le blandinet, il chantait souvent pour lui et il faisait aussi des sortes de tours de magie : pour ça il demandait l’aide d’un chat ou d’un chien, il lui mettait un chapeau sur la tête et entamait la discussion avec l’animal en faisait des blagues. A l’époque, il savait déjà qu’il était l’un des rares ou alors le seul à entendre les animaux, alors il faisait en sorte que ça ressemble vraiment à un spectacle en reprenant la plupart des phrases que lui disait les animaux. Il était toujours arrivé à faire rire Akise avec ce duo animalier.

« Je me suis rendu compte que tu étais devenu chanteur. C'est vraiment génial ! »

Alala, la partie délicate. Akise avait toujours aimé l’écouter chanter et en fait, il avait son premier vrai public car c’est pour lui qu’il avait commencé à chanter pour de vrai. Alors comment dire qu’il allait sûrement devoir arrêter puisque ses chansons étaient devenues nulles... ? Car c’est bien ce qui lui arrivait en ce moment : ses chansons n’avaient plus de cœur. Bien sûr il avait cette possibilité maintenant : il pouvait chanter pour Akise, mais ce serait ce servir de lui... Et Avael détestait vraiment se servir des gens, ça l’embêtait plus que tout. En plus, Akise était si gentil, s’il lui disait ça, il allait sûrement accepté, ce serait se servir encore plus de lui.

« Merci, ça me fait plaisir de te l’entendre me le dire. Tu me gênerais presque. »

Ça par contre, ce n’était pas un "détour" pour se retenir de parler de son problème. Non, il le pensait vraiment. Ce compliment était le plus beau et celui qui le faisait le plus plaisir. Pourtant il avait entendu bon nombre de compliments, de félicitations et d’éloge. Mais ceux d’Akise était bien ses préférés. Il se rappela qu’il chantait souvent pour Akise quand ils étaient petits. Akise eut une période où il n’avait pas beaucoup le sourire et Avael se disait aujourd’hui qu’il avait de la chance de pouvoir parler aux oiseaux depuis tout petit, car la seule fois où Akise était venu dormir à la maison, c’est parce qu’Avael était venu le chercher : ses parents s’étaient une nouvelle fois disputés et les oiseaux étaient venus discuter de ça sur sa fenêtre. Le garçon aux cheveux verts avait cherché son ami et l’avait ramené presque de force à la maison pour qu’il reste dormir et qu’il retrouve le sourire. Bien sûr, les parents du blandin s’étaient inquiétés, mais au moins ils ne s’étaient plus disputés après pendant un long moment.

« Tu vois, quand je chantais, j’arrivais toujours à te redonner le sourire, alors je me suis dis que si je pouvais chasser la tristesse des autres personnes en chantant, accepter l’offre de mon agent était la meilleure chose à faire. »

Ah oui, l’agent... Ce dernier l’avait découvert à un simple festival d’école, lorsqu’il était en première année de lycée. Il avait déjà commencé à chanter un peu et avait intégré un groupe de rock-pop. Des filles étaient venues lui demander de chanter pour l’ouverture du festival et pour le dernier jour. Parmi elles, il y avait aussi la sous-présidente du conseil des élèves et il avait eut du mal à refuser, surtout que les autres membres étaient tous d’accord. L’évènement attira beaucoup d’élèves d’autres écoles et son agent : un dénicheur de talents. Il avait eut vent de son spectacle par sa fille qui était dans la même classe qu’Avael. En fait, pour tout dire, c’est ladite fille qui l’avait trainée au mini-concert, si ça n’avait pas été le cas, Avael aurait sûrement continué à chanter pour certaines grandes occasions, il n’aurait pas non plus été inscrit à Phoebe par ses parents et conclusion : il n’aurait pas retrouvé Akise. Le hasard faisait vraiment bien les choses.

En ce moment, Avael ressentait une joie immense l’envahir. Jamais il n’aurait pensé être aussi heureux qu’il l’était aujourd’hui. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’il était triste sur scène, loin de là même. Mais avoir Akise à côté de lui le rendait mille fois plus heureux. Cependant, il ne savait pas très bien pourquoi... C’était normal d’être heureux de revoir un vieil ami, mais à ce point ? Ce qui était sûr c’était que le blandin l’avait vraiment manqué et qu’il était heureux de l’avoir près de lui. Mais est-ce vraiment seulement de l’amitié et de la joie... ? Il avait de plus en plus de doutes au fur et à mesure que le temps passait. Ils étaient de nouveau ensemble, donc sa joie aurait déjà du redescendre, ne serait-ce qu’un peu... Qu’est ce qui n’allait pas avec lui franchement ? Mais il y avait autre chose qu’il ne comprenait : il avait la méchante envie de le serrer dans ses bras et de ne plus jamais le lâcher. Cette envie n’est pas désagréable, mais c’était la première fois qu’il la ressentait. D’ordinaire ce genre de chose s’arrête vite ou est du à l’adrénaline de l’instant, mais même après qu’Akise l’est lâché, il voulait tout de suite le reprendre dans ses bras et ne plus le laisse partir.

C’est en pensant à ça qu’il se souvint du jour où il était partit. Sa grand-mère était morte et ils avaient hérités de sa maison. Au début, son père pensait que c’était mieux de rester ici pour leur fils, mais sa mère ne voulait pas vendre la maison que sa mère avait eut tant de mal à s’acheter. Comme toujours, sa mère avait eut raison de son père et ils avaient préparés le déménagement. Avael n’avait pas très bien compris ce qu’il se passait dans la maison car ses parents lui avaient promis qu’il pourrait rester à l’école avec ses amis, c’est pour ça qu’il n’avait rien dit à personne, pas même à Akise, après tout pour lui, il allait le revoir le lendemain. Mais la personne qui devait le conduire à son école se désista et Avael dut finalement intégrer une autre école primaire. Il n’avait pas put prévenir Akise, ni ses autres amis, il était partit comme un voleur, sans rien dire. Pendant plus d’une semaine, le garçon aux cheveux verts n’avaient pas arrêté de se rebeller contre ses parents pour retourner à l’école où était Akise, mais lorsque sa mère commença à lui faire faire des exercices avec elle pour communiquer avec la nature, il se mit petit à petit, doucement, petit bout par petit bout à oublier tout de son autre vie. En plus, sa nouvelle résidence était bien plus bruyante que le quartier calme dans lequel il vivait. Ses oreilles en pâtirent plusieurs fois et il y eut même une fois où il s’effondra de fatigue parce qu’il n’avait pas put dormir depuis plusieurs nuits. Tout ça ensemble le firent oublier lentement son ancien quartier.

« Oui c'est vrai qu'à par toi, rien ne me redonnais le sourire. »

Ces quelques mots le sortirent de la torpeur de ses souvenirs. Il rougit légèrement à ses mots sans s’en rendre compte et lui sourit. Il était vraiment, vraiment, vraiment heureux d’avoir retrouvé Akise, même si sa joie était légèrement démesurée. Il était tellement content qu’il soit devant lui. Il était peut être le seul à lui redonner le sourire, mais Akise avait toujours été son meilleur ami et il avait été le seul pour qui il faisait autant d’effort. Même si la comparaison n’est pas attrayante, on peut dire que le blandinet était le moteur du vautour.

« Dis-moi... Je sais que je devrais pas en parler mais... Quand je suis arrivé tu pleurais... Pourquoi ? »

Avael rougit un peu plus, mais de gêne cette fois. Il ne voulait pas trop lui expliquer ce que ça n’allait pas en ce moment, mais en même temps, il ne pouvait rien lui refuser, c’était impossible pour lui. Alors il ne savait pas trop quoi faire ou dire finalement, une puissante bataille intérieur s’engagea pour décider s’il devait tout dire ou s’il devait mentir. Mais... En y réfléchissant bien, qu’est ce qu’il pourrait dire... ? Il n’avait rien d’autre pour répondre à cette question. Il soupira finalement et se lança la tête la première.

« Je n’arrive plus à écrire de belles chansons et donc ça m’a rendu triste et ça m’a frustré parce que ma vie n’est presque basée que sur ma voix et mon don. Je ne me voyais pas faire autre chose que chanter et aider les autres. Mais si je n’écris plus de chansons qui peuvent toucher le cœur des gens, mon don devient inutile, un peu comme ma raison de chanter. »

Voilà, tout était dit. Avael n’avait pas vraiment envie de parler de tout ça, mais surtout il n’avait pas envie d’inquiéter Akise. C’est pour ça que lorsqu’un lourd silence s’installa entre eux deux, Avael s’arrangea pour le briser : il prit le blandin dans ses bras et le serra contre lui. Il caressa ses cheveux doux comme de la soie et avec un grand sourire presqu’enfantin, il essaya de lui faire oublier ce dont il venait de lui parler.

« Mais maintenant que j’ai Aki-chan dans mes bras ça va beaucoup mieux ! »

Il était gêné de s’être fait découvert en train de pleurer, il était gêné par tous les compliments que lui le blandinet, mais il n’avait pas le moins du monde honte lorsqu’il disait et faisait ce genre de chose. En soi, c’était assez impressionnant... Il serra un peu plus son meilleur ami contre lui, heureux d’avoir trouvé un prétexte pour le prendre dans ses bras, même s’il ne l’avait qu’à demi exprès.

Joie, Bonheur, Euphorie, Réjouissance et Plaisir. C’est tout ce que ressentait Avael en ce moment. Joie car il avait retrouvé son meilleur ami, la personne qui l’avait le plus marquer dans sa courte vie. Bonheur parce qu’ils étaient ensemble et il avait l’impression qu’ils étaient retombés en enfance. Euphorie à cause de la vague de joie qui le prenait. Réjouissance en se souvenant du passé. Et Plaisir... Le plaisir de l’avoir contre lui. Son odeur, sa présence, son corps, la douceur de ses cheveux. Tout ça... Tous ça l’avait manqué et il était heureux de le retrouver.

En ce moment, Avael berçait Akise humant sa douce odeur. Jamais, jamais plus il ne pourrait partir sans lui. C’était peut être Avael qui redonnait le sourire au blandin, mais c’était ce même blandinet qui lui donnait une raison de chanter. Pendant un instant, il eut un éclair de réponse à cette question "Pourquoi tenait-il à lui à ce point ?". La réponse qu’il avait reçut de nulle part n’était pas complètement impossible, mais Akise était son meilleur ami, alors qu’il l’aime... Ce serait peut être un peu trop exagéré... Dans un sens, le sexe féminin ne l’attirait pas, mais alors pas du tout. Et au collège il avait bien vu qu’il ne détestait pas le moins du monde embrasser un autre garçon.

« Je suis heureux de servir à quelque chose... »

Avael baissa le regard sur cette personne qu’il chérissait plus que tout en cet instant. Il était sur le point de s’endormir, bercer par le mouvement, comme un bébé, ne put s’empêcher de penser le garçon aux cheveux verts, un magnifique sourire ornant ses lèvres. Il n’était pas sûr clairement des sentiments qu’il avait à son propos, car plus il regardait Akise et plus il avait l’étrange impression que l’éclair qui était venu lui apporter la réponse n’avait pas tord... Mais c’était encore assez embrouillé.

« Dis moi... Tu dois bien t'être trouvé une copine avec ta célébrité... »

Là, ce fut quelque chose à laquelle il ne s’attendait pas du tout. Et puis parler de "copine"... Mais en même temps il n’était pas au courant qu’il était clairement et sans appel homosexuel. Il détestait les filles et les femmes, à part sa mère, que ce soit dans leur physique ou dans leur caractère. Il regarda durement et sérieusement le blandin qui s’était redressé dans ses bras. Il avait un sourire moqueur collé à la glue sur le visage, mais Avael n’aimait pas trop rigoler sur ce genre de chose.

« J’espère que tu te moque de moi, Akise. » Soupira-t-il. « Je n’utilise pas ma célébrité pour ça et puis la seule personne avec qui je suis sortit était un garçon et c’était bien avant de faire mes débuts sur scène. »

Au moins, comme ça les choses étaient mises au clair. Mais ça ne suffisait pas. Il avait voulut se moquer du garçon aux cheveux verts et bien maintenant celui-ci avait bien l’intention de se venger. Et il ne serait pas tendre avec le blandinet face à lui. Il allait vite lui faire ce sourire ironique.

« Pourquoi tu me demande ça Aki-chan ? Je t’intéresse peut être ? »

Il entoura la taille du blandin pour l’empêcher de reculer et rapprocha lentement son visage du sien. Pour ne pas montrer qu’il voulait le piéger, Avael gardait un visage calme, sérieux et assez déstabilisant. Les lèvres des deux garçons se rapprochaient dangereusement, elles étaient de plus en plus près. Mais au dernier moment, Avael dériva pour embrasser seulement le coin de ses lèvres. Il ne souhaitait pas particulièrement s’attirer les foudres du blandin qui était son ami ou alors le choquer et se faire détester par la suite.

Toutes les expressions qui passèrent sur le visage sincère amusèrent au plus au point Avael. Cependant il garda son visage sérieux et impassible. Il prenait sa revanche tout en silence, sans qu’Akise puisse s’en douter. Il y vit surtout de la surprise en fait, c’est sûr qu’avant il n’était pas aussi entreprenant et audacieux. Il avait acquis ses facettes de caractères avec son travail mais aussi avec la découverte de son don. Car ce dernier était dangereux, autant pour les autres que pour lui. Les inconvénients étaient plus forts que les avantages dans ce pouvoir. Il avait du donc agir un peu différemment pour se protéger et protéger les autres.

Lorsqu’Avael commença à s’approcher de son ami d’enfance, il ne fut pas surpris de le voir se débattre, mais les rougeurs qui ornaient ses joues le surprirent quand même un peu. Rougeurs qui ne cessaient de devenir de plus en plus foncées, ce qui amena Avael à se demander si Akise n’aurait pas attrapé de la fièvre, mais cette pensée entra par une oreille pour ressortir par l’autre. Tous son corps cérébral, ou du moins ce qu’il en restait, était concentré sur une seule et unique chose : les lèvres tentantes de son ami d’enfance. Il eut vraiment beaucoup de mal à ne pas les embrasser et à dériver sur le coin de ses petites lèvres roses.

Akise y avait vraiment cru : il était cramoisie et avait fermé les yeux instinctivement. Avael le trouvait vraiment mignon à ce moment-là. Mais lorsque le blandin rouvrit les yeux il ne semblait pas particulièrement content. Avael se demanda si même ce baiser aux coins des lèvres avait suffit à le faire le détester. Non, quand même pas... Pas pour si peu... Si ? Il jouerait alors la carte de la plaisanterie, même si ce n’en n’était pas pour lui.

« Quand on commence quelque chose on le termine. »

... Pardon... ? Pardon ?! Il s’attendait qu’il l’embrasse, ça il pouvait le comprendre, mais en plus le blandinet aurait préféré qu’il le fasse pour de vrai. Là ce fut au tour du garçon aux cheveux verts d’avoisiner la couleur des tomates et des ibiscus rouges d’Hawaï. A cause de sa phrase assez provocante, mais aussi à cause du regard que lui offrait en ce moment Akise. Aimer un garçon quelconque et aimer son meilleur ami d’enfance, ça avait non seulement quelque chose de différent, mais en plus ça avait presque quelque chose d’immoral.

Ce qui le sortit de toutes ses conversations intérieurs, ce fut les lèvres du blandinet sur les siennes. Presqu’en réaction avec ce contact électrisant, Avael resserra ses bras autour d’Akise pour le rapprocher de lui et pouvoir librement accentuer ce doux baiser. Car maintenant qu’il s’était jeté dans la gueule du lion, il n’allait pas devoir se désister. Parce qu’oui, Avael n’allait pas laisser passer cette chance, ce serait du gâchis. Ce baiser qui devait être simple et délicat se transforma en quelque de chaud, mais tout en gardant la velouté de l’échange. Avael avait vraiment beaucoup, beaucoup de mal à ne pas laisser ses mains glisser plus bas pour aller à la rencontre de sa peau. Mais il connaissait ses limites aussi et il décida de rompre le contact. Il rangea ses mains sur le sol, il allait devoir éviter tout contact physique avec Akise pendant quelques instants. Après tout, même avec toute sa gentillesse, il n’en restait pas moins un jeune homme plein d’hormones...

Il se demandait maintenant ce qu’il ressentait vraiment pour la blandin. Un tel baiser ne se faisait pas vraiment avec quelqu’un envers qui on n’a pas de sentiments. Et l’amitié n’avait aucun rapport avec ça. Ce serait se cacher derrière des excuses. Il avait fait une presque bêtise, seulement "presque" parce qu’il n’était pas le seul responsable de cette situation troublante, mais pas désagréable. Il lâcha un petit soupire, décidant de rompre le silence qui essayait encore une fois de s’insinuer entre eux deux et avec un petit sourire il lâcha en toute innocence.

« Alala, Aki-chan... Tu es devenu trop beau. J’irais pas à te violer sur place, mais presque. En plus je ne plus être ton ami avec ça... Sans compter que je t’aime peut être. Tout est de ta faute Aki-chan ! Assume donc... » Finit-il par murmurer.

Et sur ces mots embarrassants et surtout plein d’importances. Parce que clairement c’était quasiment une déclaration... Et ça Avael n’en n’avait jamais fait. La personne avec qui il était sortit était celle qui s’était déclarée. Il se rendait compte maintenant que c’était facile d’accepter les sentiments des autres, mais beaucoup plus dur de le dire en premier. Il se mit ensuite à scruter le visage de son vis-à-vis pour y découvrir le moindre changement, la moindre expression qui pourrait s’afficher sur son visage. Il avait cinquante pourcent de malchance d’être rejeté et cinquante pourcent de chance qu’il accepte. Une chance sur deux... L’attente parait toujours durer une éternité et le garçon aux cheveux verts s’en rendait compte en ce moment, plus qu’à n’importe quelle autre situation.

Avael avait en ce moment le plus gros problème jamais posé sur toute cette Terre : il venait d’avouer des sentiments dont la nature était incertaine, mais extrêmement forts, et intérieurement, il était plus qu’angoissé. Pourquoi seulement intérieurement ? Parce que extérieurement parlant, il ne laissait rien paraitre : son visage était calme, ses yeux fixaient le garçon qui se trouvait encore très près, peut être trop, de lui et rien dans ses gestes ne montrait qu’il était nerveux. On pourrait presque penser qu’il s’agissait qu’une simple statue peinte, car c’était une sorte de défense pour Avael. Son don avait le pouvoir de tuer s’il le voulait ou s’il faisait une bêtise, lorsqu’il s’emballait donc, il se concentrait pour rester impassible en apparence. Bien sûr, en ce moment, à l’intérieur de lui, une puissante tempête ravageait tout son être.

La personne responsable de cet état violent : Akise Aru. Ami d’enfance d’Avael il y a longtemps. Ils venaient de se retrouver et en ce moment, ce dernier se trouvait à moins de cinquante centimètres de lui. Avael venait de faire une déclaration fracassante, pas du tout en bon et due forme, bref, il avait dit ça sur un coup de tête et c’est presque pas s’il le regrettait. Peut être aurait-il mieux fait de rien dire finalement... Car si au début Akise avait gravit un autre cran de rougeur, sous la surprise et la gêne, maintenant il fixait le sol de manière silencieuse. Ce silence-là, même s’il n’était ni lourd, ni pesant, était encore plus dur à supporter pour le jeune adolescent aux cheveux verts. Il se sentait comme un gosse qui avait fait une grosse bêtise et qui attendait la punition de sa mère, mais que cette dernière prenait tous son temps et réfléchissait à la pire torture qu’elle pouvait faire subir à son enfant.

« Assumer ne me gêne pas du tout. Je... Je pense t'aimer moi aussi et te voir comme un ami est... Impossible je suis entièrement d'accord. »

Le garçon aux cheveux verts sortit lentement de sa torpeur, son apparence extérieure reprenant vie. Ses yeux s’agrandirent légèrement. Il s’attendait à tout, sauf à ça. Enfin si, il avait pensé à cette éventualité, mais il n’y croyait pas. Pas du tout même ! Sur le coup, Avael ouvrit la bouche pour la refermer. Il ne savait pas quoi dire, répondre ou faire. Passons donc en revu les solutions possibles : ............... Il n’en n’avait aucune. Il tenta de se rappeler ce qu’il était sensé se passer ensuite, mais vraiment rien ne lui venait en tête. Pour la première fois de sa vie, il était complètement perdu, déboussolé. Il respira un bon coup et essaya de se ressaisir. Que dire, que faire ? Pour la dernière question, son corps sembla en avoir marre de le voir autant hésité et pris les choses en main : Avael, donc sans vraiment savoir comment, se retrouva à enlacer Akise et sa tête se posa sur son épaule.

« Ça veut dire... Qu’on sort... Ensemble ? » Demanda-t-il dans un souffle, gêné et incertain.

Bien sûr, la réponse était évidente, mais c’était tellement bizarre... Après tout, il y a encore quelques minutes, ils étaient encore amis d’enfance et là, ils étaient passés au stade de "petits-amis" alors qu’il ne s’était pas vu depuis plusieurs années ? Vu de cette manière c’était peut être un peu précipité, mais qui a dit que la précipitation était mauvaise ? Oui, des fois c’est mieux de ce lancer, même si c’est de manière pressée, que de ne rien dire. Bien sûr, là c’était un changement radical qui allait se produire pour les deux garçons après tout, alors c’était normal qu’il ait quelques doutes. Bon, en même temps, ils s’étaient déjà embrassés, et ils s’étaient avoués mutuellement qu’ils s’aimaient, donc il ne devrait pas avoir d’hésitations, mais voilà, Avael, concernant sa vie amoureuse en tous cas, était le genre de personne qui avait besoin d’entendre les choses de vives voix pour être rassuré.

Franchement, trop de choses se passaient en même temps aujourd’hui… Il avait découvert qu’il allait devoir changer de métier, trouver un autre avenir alors qu’il était clairement fait pour changer, puis un parfait inconnu était apparu et il s’était avéré que ce même inconnu était en fait un ami de son enfance qu’il avait perdu de vue après un déménagement. Après quoi, le plus gros choc fut surtout le baiser qu’ils avaient échangé… Avael n’était pas le genre à sauter sur tous les garçons qui lui passent sous le nez, loin de là. Il n’était sortit qu’avec une seule personne de toute sa vie, au collège et leur relation s’était résumé à des baisers et sans plus, car c’est peu après qu’Avael était monté sur scène.

Mais avec Akise aujourd’hui, il ne savait pas très bien ce qui lui était passé par la tête. Quand on est enfant, on ne fait pas la distinction entre l’amour et l’amitié, mais il était sûr qu’à l’époque, il n’était pas amoureux du blandinet, en tous cas, c’est le sentiment qu’il avait. Alors pourquoi il avait quasiment eut le coup de foudre pour lui dès qu’il l’avait vu ? Parce que, honnêtement, le sentiment qui l’avait remué lorsqu’il l’avait vu, c’était bien le même qui lui tordait le ventre en ce moment, alors qu’il s’était avoué à lui-même et à Akise son ressentit envers ce dernier.

Serait-ce ses sentiments qui se serraient développés à son insu au fil du temps ? Ça paraissait un peu gros… Mais d’abord, faut-il vraiment une raison pour aimer quelqu’un par amitié ou amour ? Non, pas à sa connaissance. Bien sûr, on peut dire pourquoi on aime une personne, mais personne n’a vraiment de raison valable. L’amour est un sentiment et il est bien connu que les sentiments n’ont jamais put être commandés, peu importe la façon dont on regarde la chose. Donc il aimait Akise, un point c’est tout.

En tous cas, Avael n’a jamais été "anxieux de nature", mais allez comprendre pourquoi, il hésitait beaucoup en ce moment. Il se sentait perdre tout ses moyens face à Akise. Quand ça concernait ce dernier, il exagérait tout, sans comprendre la raison d’un tel comportement. Par ce fait, il avait l’impression que la force de son ressentit était facilement multiplié par dix ou vingt. Une petite hésitation était née en lui, car aucun des deux ne savaient s’ils s’aimaient vraiment ou si ce n’était qu’une amitié si forte qu’ils le confondaient avec de l’amour. Alors il se demandait s’il pouvait vraiment dire qu’ils sortaient ensemble ou pas. Et cette une hésitation le paralysait presque sur place à l’instant même. Tant qu’il n’aurait pas eut sa réponse, il avait l’impression que le moindre mouvement pouvait lui être fatal tellement il était tendu.

« Je… Je suis sûr que tu connais déjà la réponse Avael. Pour ma part… Je pense que oui. »

Ce fut comme une immense bouffée d’air frais qui chassait toute trace de nervosité et tension de son corps. Il se sentait vraiment libéré de son hésitation qui lui paraissait affreusement futile maintenant. Comme quoi, il s’était inquiété pour rien. Il ne pouvait pas vraiment dire "une fois de plus" car ce n’était pas son genre de faire des montagnes pour de petites choses. Après tout, il était le genre de personne calme et posé. Akise avait vraiment un puissant effet sur lui. Déterminer si c’était bénéfique ou mauvais pour lui, ce ne pourrait se faire qu’au cours du temps. Pour l’instant, il ne pensait déjà plus à son incertitude passée.

Un sourire rayonnant, et beaucoup plus mature que ceux candides et enfantins qu’il avait montrés précédemment à Akise, contracta les muscles de son visage. Il posa doucement sa main sur la joue gauche du blandin et caressa avec son pouce la peau pâle et si douce. L’autre main attrapa la main de son désormais amoureux qui résidait sur le sol et qui avait justement caressée sa propre joue. Il embrassa délicatement sa paume et frotta le bout de son nez dessus, s’amusant à gêner Akise. Il n’était pas particulièrement sadique ou quoi que ce soit dans le genre, il trouvait que le rouge était une couleur qui allait à merveille à sa moitié. Et c’est bien connu que l’on rougit lorsqu’on est gêné.

Lorsque les très attendues rougeurs firent leurs apparitions sur les joues d’Akise, Avael eut presque envie de croquer celles-ci comme les pommes dont elles prenaient lentement la couleur. Il fit lentement basculer Akise sur le sol froid du toit, il semblait complètement désemparé ou du moins dépassé par la tournure que prenait le hasard qui les avait réunis. Avael savait lui-même qu’il pouvait avoir l’air d’un vrai prédateur quand il prenait son air le plus sérieux et jouait habilement cette carte en ce moment même.

Il dominait désormais Akise de sa faible stature, une main toujours sur l’une de ses joues et l’autre tenant la main offerte et toutes ses tortures. Il se pencha, replaça une mèche rebelle blanche un peu haut, empêchant le Yajuu de se cacher derrière et murmura contre son front :

« Je t’aime, Akise. »

Il venait de troquer le "Aki-chan" enfantin et amical contre un "Akise" qui avait encore plus de sens et surtout qui correspondait mieux à leur nouvelle relation. Et sans laisser le temps de répondre au blandin, il embrassa doucement ses lèvres. L’échange ne dura qu’une petite seconde, un baiser papillon en d’autres termes. Il n’avait pas vraiment l’intention de frustrer son petit-ami, mais il avait envie de gouter à cette peau qui lui était inconnue, et qui faisait partit de la personne qu’il aimait. Le visage d’Akise fut alors couvert de centaines de baisers papillons qui revenaient souvent sur ses lèvres pour rapidement s’en séparer. Au bout de trois, voir quatre bonnes minutes à faire ce petit manège, il finit par s’arrêter et s’allongea à son tour sur le toit de l’école. Il entoura de nouveau la taille du blandin, le serrant doucement contre lui et colla sa bouche à son oreille :

« Hey hou hey hi ha hey hi hey hi ha Que que natura. Un jour tu verras, Ton cœur chantera, Et tu comprendras. Tu entendras sa voix Comme un cri au fond de toi. Un jour tu verras, Ton cœur chantera. Hey hou hey hi ha hey hi hey hi ha Un jour tu verras, Ton cœur chantera. Quand l’Esprit te parlera, Sa flamme t’embrasera. Alors ce jour-là, Ton cœur comprendra. »

La sérénade n’était autre qu’une chanson qu’Avael lui chantait lorsqu’ils étaient enfants et qu’Akise se sentait mal pour une quelconque raison. C’était l’une de ses préférées, autant à Akise quand il était enfant, qu’à Avael.